*
grimoire des âmes
Notes sur le mana, [auteur inconnu],

« Je reste persuadé qu’il ait existé des pages de ce grimoire contenant des informations primordiales concernant le mana environnant. D’après des légendes, la magie telle que nous la connaissons n’a pas toujours parcouru nos contrées. Ce ne sont que des légendes, mais tout mythe est tissé sur une base véridique.

Bien que son origine soit inconnue, ce que nous appelons « mana » décrit une énergie mystique contenue dans l’essence même de l’air que nous respirons. Considérée comme une seconde force vitale pour l’Homme, cette énergie permet à l’environnement de tirer ses propriétés magiques, aux pierres de lune de briller dans le noir, et à l’humain de trouver la force d’user de runes et de grimoires.

Tout comme il existe des zones à haute densité de mana, le mana que chaque individu possède est quantifiable. Certains ont un mana plus puissant que d’autres. L’Homme se sert du mana comme d’énergie pour utiliser les sorts contenus dans ses grimoires et quand il vient à se surmener, cette énergie s’épuise peu à peu. D’après mes recherches, le mana se rechargerait après quelques heures de repos ; toutefois, de rares personnes sont connues pour être totalement dénuées de mana. Nous n’avons, à l’heure actuelle, pas connaissance de la raison d’un tel phénomène, mais il ne semblerait pas être la source d’un handicap génétique. »

Rituel de la Révélation, trouvé dans les archives de la Tour

« La majorité de la population est douée de mana, c’est-à-dire que chacun possède une prédisposition à la magie plus ou moins importante selon la puissance de son mana. Aujourd’hui, il est rare d’observer une disparité conséquente entre les densités ; la famille Royale étant connue pour être une lignée dotée d’un mana très puissant, c’est bien la seule différence qui est observable à ce jour. En terme général, chacun possède un mana équivalent.

Cette prédisposition permet à tout un chacun, si le cœur lui en dit, de participer à une pratique courante nommée le Rituel de Révélation. Le Rituel est, à notre connaissance, le seul moyen « d’activer » le mana d’un individu. Lorsqu’une âme atteint l’âge de quinze ans révolus et que cette dernière porte un certain intérêt pour la magie, elle peut faire le choix de se rendre à l’Académie pour se voir octroyer sa propre rune.

Le Rituel se compose de plusieurs étapes. La première consiste à purifier le corps et l’âme ; l’individu se pare d’une robe immaculée après avoir plongé son corps dans un bain d’eau bénite.

La deuxième étape est celle du choix du grimoire ; chaque « nouvelle âme » - nom accordé aux jeunes mages - pénètre dans la Bibliothèque du Savoir et se saisit d’un grimoire vierge. Les grimoires se trouvent attirés par les initiés et choisissent leurs propriétaires. La récupération du grimoire clos la deuxième étape et s’ensuit alors le début de la troisième et dernière phase du Rituel.

Les nouvelles âmes se rendent ensuite dans la Salle de l’Ascension en compagnie de plusieurs mages aguerris s’étant portés volontaires pour la réalisation du Rituel. L’initié.e doit s’agenouiller au centre du cercle d’invocation de Runes tracé au centre de la salle et poser son grimoire, ouvert en son centre, face à ses genoux. Une fois l’incantation récitée et les bougies allumées, l’une des huits runes ancestrales fera son apparition sur la page du grimoire et cela définira l’école de magie de l’initié pour le restant de sa vie. Les Runes choisissent leur propriétaire, mais nous n’avons pas encore découvert les conditions concernant chacune d’elles.

Une fois la rune apparue sur la page au centre du grimoire, la nouvelle âme découvrira les deux pouvoirs - ou sorts - qui lui sont conférés et pourra commencer son périple en rejoignant l’Académie pour s’exercer à la magie, si tel est son souhait. »

Les Huit Écoles Magiques, manuel d’enseignement magique de l’Académie d’Avalon, page 11,

« La magie se décline en huit écoles distinctes, avec pour chaque option son lot de sortilèges et d’exploits, d’avantages et d’inconvénients. Tous les êtres humains peuplant la terre naissent sous la bénédiction d’une rune, laquelle, une fois découverte puis observée aux termes du Rituel, définit également l’école lui étant accessible. Il revient ensuite à l’étudiant de devenir le maître de sa rune afin d’arriver au sommet de son art et devenir le plus efficace possible.

Nous énonçons désormais les huit écoles de magie. Veillez à bien les mémoriser, quiconque aspire à sortir diplômé de l’Académie doit pouvoir les énumérer et les décrire !

La première est la Rune de la Lumière. Elle se présente sous la forme d’un cercle de glyphes d’or. Elle octroie des pouvoirs de protection, de bénédiction, de soin et de nombreux sorts utilitaires - mais également de puissantes déflagrations. Les Mages de lumière comptent parmi les mages de combat les plus efficaces, plus particulièrement envers les mages profanes, une notion que nous aborderons plus tard dans l’année. Retenez pour l’heure que les Mages de Lumière représentent pour la plupart des paladins vertueux, dont la présence sur le champ de bataille est systématiquement une bonne nouvelle.

La seconde, la Rune Arcanique, se présente sous la forme d’un glyphe à pointes violet. Octroyant à son propriétaire le pouvoir des arcanes, les sorts conférés par cette dernière sont, certes souvent instables, mais toujours extrêmement puissants. Elle est l’une des runes aux capacités les plus hétérogènes et il n’existe pas un Sorcier identique à un autre. Cette école est réputée pour être quelque peu corruptrice, elle invite ses partisans à se rapprocher d’un pouvoir toujours plus grand, ce qui peut les amener à plonger dans la folie. Magiciens redoutables, ils peuvent imposer à autrui différents maléfices.

La Rune Nécrotique représente la troisième école. Elle prend la forme d’une rune sombre, grisâtre. Bien que mal vue par les citoyens les plus faibles au vu de son caractère obscur, les pouvoirs de cette rune ont permis aux Nécromanciens de retourner bon nombre de situations désespérées. Ses sorts sont liés au sang et à la fin du cycle de la vie. Réanimation de cadavres, création de mort-vivants dénués d’intelligence ou encore sorts de soins de zone ou attaques spectrales, la Rune Nécrotique possède un arsenal de possibilités assez restreintes, bien que dévastatrices. Si elle n’est pas illégale, son utilisation injustifiée heurte pour des raisons évidentes la bienséance, et les mages nécrotiques sont parfois soumis à une certaine surveillance.

La Rune Ésotérique, la quatrième, est la rune la plus aléatoire. Elle se dessine sous la forme d’un cercle de glyphes bleus ornés de demi-lunes. L’on raconte que les bienheureux esprits marqués par cette rune sont originaux et singuliers, échappant parfois à la compréhension et à notre vision de la logique. Les mages de cette école semblent capables d’apprendre n’importe quel sortilège, bien qu’ils aient une affection particulière pour les illusions et les sorts spontanés. Ces mages sont inventifs et guidés par l’instinct et l’improvisation, capable du pire comme du meilleur, du remède comme de l’infection.

La Rune Sensorielle est la cinquième école à connaître ; la rune lui étant associée prend la forme d'un cercle aux reflets rosés et aux légères pointes. Celle-ci diffère des autres dans le sens où à défaut de lancer des maléfices, propose plutôt des améliorations temporaires afin de mieux convenir à une situation donnée. Les Mages Sensoriels peuvent ainsi augmenter leur perception du terrain, affûter leurs sens le temps d’un repérage, se rendre plus rapide, plus attentif. Souvent malicieux, ils aiment à garder un atout dans leur manche et doivent souvent faire preuve d’un sens stratégique particulièrement aiguisé pour sauter d’un danger à l’autre.

La sixième rune est la Rune Druidique - elle apparaît comme plusieurs cercles runiques de couleur verte qui s'entrechoquent et est appelée ainsi pour rendre hommage à ses manieurs, quasiment toujours épris de la nature et des règles qui la régissent. C’est l’école des chamans et des protecteurs des bosquets. Cependant ne vous y méprenez pas, s’il est facile de considérer ces sorciers comme inoffensifs et anecdotiques, n’oubliez pas la fureur que la nature peut parfois témoigner, lors de l’éruption d’un volcan ou de la rupture de la terre. Si la majorité d’entre eux sont des soigneurs et des soutiens et incarnent une force tranquille respectable et auréolée de paisibilité, aucun mage digne de ce nom ne vous recommanderait de les agacer.

La Rune Élémentaire, avant-dernière rune, est somme toute simple à résumer. Sur vos grimoires, elle prend une couleur orangée. Il est question pour les mages de cette école de maîtriser les éléments mis à disposition par Dame Nature afin d’en tirer des sortilèges tantôt dévastateurs, tantôt revigorants. Le feu, l’air, la terre et l’eau bien sûr, mais également les éléments secondaires comme la foudre ou le métal. Ces mages peuvent apprendre plusieurs sortilèges et allier leurs connaissances de deux éléments pour en décupler les effets et l’efficacité. Polyvalents et imprévisibles, on ne s’ennuie jamais avec ces mages, trop souvent hélas sous-estimés et délaissés par leurs pairs.

La huitième rune… est différente. Il y a quelques décennies encore, son utilisation était interdite dans l’entièreté de la cité. Mais au vu des besoins du peuple et de la décision gouvernementale concernant la condition de chaque citoyen, son apprentissage fut remis à l’ordre du jour. La Rune Démonique a longtemps été source de terreur et considérée comme une forme d’hérésie. Présentée sous la forme d’un cercle rouge orné d’un triangle, nul n’est réellement capable de décrire ses capacités. Selon les croyances, elle recèlerait des pouvoirs démoniaques. Elle est fort heureusement de loin la plus rare et il n’existe qu’une poignée de Mages démoniques à l’heure actuelle. Elle émane d’une magie corruptrice considérée comme profane, d’ailleurs seule source de magie au monde à être perçue comme véritablement nocive. »

NDLA : La Rune Démonique n’est pas jouable en premier personnage, au vu de sa complexité et de sa rareté.

Introduction à l’alchimie pour les profanes, vol.1, par Lucian Amadeus III

« L’alchimie est considérée, et ce à raison, comme un art particulièrement difficile à appréhender, ce pour quoi je m’attendrais à ce que de véritables profanes demeurent parfaitement imperméables à ses rudiments. Aussi, comprenez ici que mon ouvrage s’adresse aux esprits, sinon éclairés, au moins éloignés des plus obscures ténèbres d’idiotie où se vautrent et complaisent trop de nos contemporains. Il ne serait toutefois pas exagéré de dire qu’une vie entière ne suffirait pas à parfaitement comprendre l’alchimie; il s’agit là d’un luxe réservé à une élite intellectuelle géniale dont vous ne faîtes vraisemblablement pas partie si le titre de mon ouvrage a attiré votre regard.

L’alchimie est de ces choses qui peuvent s’expliquer en une phrase simple mais qui requiert en vérité des années de maîtrise. Miraculeuse entre les mains d’un professionnel et désastreuse entre celles d’un benêt, il s’agit de l’art de transmuter, autrement dit de transformer une matière en une autre, et de par concoctions et mélanges, obtenir des résultats jusqu’à lors inespérés. Tantôt magique, tantôt chimique, nous devons beaucoup de notre confort à cet art ancestral, et ce plus particulièrement dans le domaine militaire.

Bien qu’il est techniquement faux de mettre l’herbologie dans le même sac que l’alchimie, c’est une hérésie dont je tolère la formulation lorsqu’il est question de l’enseigner. En effet, la discipline se décline en trois utilisations principales :

La première, susnommée : l’herbologie appliquée, qui permet de saisir un végétal et d’en extraire jusqu’à ses plus insoupçonnées propriétés au travers de différentes méthodes; brouets, purification, sublimation ou équilibrage. C’est à cette branche de l’alchimie que vous devez - sans le savoir, l’existence de nombreux médicaments et toniques, mais également des poisons et objets de confort comme des huiles, essentielles ou inflammables.

La seconde est la transmutation. Une méthode subtile qui permet de remplacer une matière par une autre. Rendue partiellement désuète par les magiciens si chers à notre gouvernement aveugle face aux risques de la magie et à son instabilité, la transmutation fait gagner temps et ressources. En altérant un métal vous pouvez ainsi en détraquer les propriétés pour le rendre plus robuste, coûteux ou tranchant. En sublimant une gemme vous pouvez la rendre réceptive au mana environnant et, de facto, la changer en source d’énergie portative. A l’inverse de la première branche qui s’articule autour de potions, celle-ci convoque dans son exercice plusieurs métiers et a le mérite, contrairement à quelconque artifice risible déployé par un magicien, d’être éternel. La transmutation ne remplace pas un état par un autre, mais définit un second état qui demeurera.

Enfin, la troisième, de loin ma préférée de par son inaccessibilité : l’alchimie magique. Elle entre en connivence avec la technomagie, une discipline où je recommanderais les écrits de Monsieur Yurilo Winelim, qui regorgent d’applications novatrices et révolutionnaires. Expliquée de façon transparente, cette méthode permet d’appliquer la propriété magique d’un objet, à un autre objet, et ce en le transférant via des outils aussi rares que coûteux. Je dirais bien que je ne vous ferais pas l’affront d’expliquer qu’il est nécessaire de maîtriser la méthode de la transmutation pour prétendre s’initier à l’alchimie magique, mais je préfère dissiper toute méprise. Plus instable et capricieuse que son homologue, l’alchimie magique ne s’adresse qu’à une poignée d’élus, ce pour quoi elle fera l’objet d’une démonstration que je proposerai à l’Académie pour déceler dans la masse informe d’étudiants ignares et sans avenir quelques esprits réceptifs qu’il faudra former. Vous parviendrez toutefois à insuffler à une lame la chaleur ardente et éternelle d’une pierre de feu, voire enfermer un sortilège au coeur d’un objet, imposant à quiconque aurait l’audace de le toucher le contact dudit sort.

Si n’importe qui peut a priori suivre une recette alchimique, je recommande une bonne connaissance de la faune et de la flore, et une certaine fortune à y investir. Nous manquons cruellement des solutions et des remèdes de l’alchimie, laquelle est injustement boudée pour des raisons insensées. Sachez, je vous le dis sans peine, que s’il y avait autant d’alchimistes que nous avons actuellement de magiciens, le monde tournerait sans jamais souffrir de la moindre catastrophe. »

Technomagie : Pourquoi ne faut-il pas en avoir peur, article paru dans « La Petite Avalon » écrit par Aelith Bruissière,

« Avez-vous remarqué ces grands candélabres que l’on voit un peu partout, ces derniers temps ? Parés de ces bougies qui ne nécessitent pas de flammes pour briller ? Peut-être avez-vous également remarqué ces oiseaux de bronze au cœur brillant qui transmettent vos correspondances en lieu et place de nos bien aimés coursiers ?

Hé bien nous devons tout ceci à la technomagie, mes chers amis. Là est le futur de la civilisation, oh que oui !

Nous comprenons toutefois que ces changements peuvent paraître impressionnants, et nous avons déjà recueilli quelques lettres de la part d’honnêtes citoyens craignant que la technomagie prenne le pouvoir et mette à la porte nos précieux artisans un jour prochain. Nous avons donc pris l’initiative de vous transmettre tout ce qu’il faut savoir sur ce nouvel ami si mystérieux. Je suis Aelith Bruissière, conseillère auprès de Sa Majesté et responsable du déploiement d’outils technomagiques dans notre beau royaume, et je me chargerai aujourd’hui d’alléger vos doutes.

Tout d’abord, sachez que derrière ce mot barbare et euphorique de Technomagie se cache en vérité la suite logique de notre évolution. Comme vous le savez, l’air que nous respirons est naturellement gorgé de particules de mana, une énergie fabuleuse, qui reste toutefois en stase avant de disparaître. Vous savez également que l’alchimie que pratiquaient nos ancêtres nous permet « d’absorber » ces particules flottantes, rendant ainsi concret et physique des résidus normalement invisibles et immatériels.

Si vous savez ces deux choses, alors vous savez tout ce qu’il y a à savoir sur la technomagie, puisque celle-ci consiste simplement en l’utilisation de ces « sources d’énergie » que d’aucuns appellent « cristaux de mana » pour nous soulager de certaines tâches quotidiennes éreintantes.

Pour l’heure, cette novation n’en est qu’à ses balbutiements, mais nous entrevoyons déjà la possibilité que dans un avenir prochain, n’importe qui pourra acheter s’il le souhaite un cristal de mana, et lui confier la tâche qu’il souhaite. Plus encore ! Peut-être même qu’il sera un jour possible de combler nos lacunes médicales par l’utilisation d’outils toujours plus sophistiqués.

Sachez que la technomagie est absolument bénigne et que personne n’encourt un quelconque risque à s’approcher ou utiliser un outil, encore que nous ne recommandons pas un contact physique prolongé avec un cristal pur.

Enfin, quiconque souhaiterait se former à la technomagie peut se présenter à l’Académie pour intégrer un cursus créé spécialement en ce sens, dispensé par des experts choisis par nos plus hautes sommités en personnes ! »

Si il vous arrive de vous sentir nauséeux ou rencontrez des épisodes de fatigue, nous vous recommandons de vous diriger vers le lieu de soin le plus proche. Il a déjà été observé dans de très rares cas certaines réactions particulièrement violentes, impliquant des saignements du nez et des yeux, fatigue pulmonaire et cardiaque ou malaises.

Liaisons dangereuses entre les plans, par Aldricht de Cleriay, spécialiste des arts occultes

« La rune démonique, toujours une source de débats houleux au sein de la communauté de chercheurs de l’Académie. Mais j’ai foi en l’esprit solidaire de notre belle cité. Si certains s’accordent à dire qu’il est inutile de remuer ce qui grouille sous la terre, je crois pour ma part que c’est bien au contraire essentiel. Et je crois que par ces documents, je parviendrai à vous donner, à vous qui lisez ceci, la volonté de ne pas vous laisser faire. Un jour ou l’autre, de la même façon que les Abysses se sont déchaînées sur nos terres, les démons trouveront le moyen de nous envahir.

On ne peut plus le nier. Les pouvoirs démoniaques que confère cette rune sont liés à des entités, nous l’avons vu, observé maintes et maintes fois déjà. Certains disent que ce n’est pas systématique, je réponds que des êtres capables de manier le mana sont également capables de savoir quand se taire. De se dissimuler, peut-être.

Ainsi, s’il existe un moyen pour ces entités de se lier à notre monde par le biais d’individus, comment pouvons-nous être certains qu’ils ne se manifestent jamais physiquement ?

N’ayant jamais vu, de mes propres yeux, ces êtres aux pouvoirs démoniaques, je devine qu’ils nous viennent d’ailleurs. Une sorte de réalité alternative, un « plan démonique », peut-être. Si les Abysses ont su s’immiscer sur nos terres alors que nul n’en connaissait l’existence, on ne peut plus écarter la possibilité que d’autres créatures puissent surgir de l’ombre.

J’ai passé de nombreuses années à étudier des mages démoniques. Aucun d’entre eux ne possède une capacité identique à celle d’un autre, contrairement aux mages classiques que connaît Havrecoeur. Comme si chaque démon était dédié à un domaine précis, une forme de magie unique en son genre.

Vous vous en doutez, s’il existe des mages arcaniques plus puissants que d’autres, c’est également le cas des mages démoniques. Mais cela ne dépend pas de la puissance de mana de l’individu, ni même de la maîtrise de la magie elle-même ; cela relève d’un tout autre critère. Bien que l’on ait tenté de me censurer de nombreuses fois, au vu du caractère effrayant de mes recherches aux yeux de la population et de la panique que cela pourrait engendrer, j’aime à croire que le plan démonique possède sa propre hiérarchie.

Jusqu’ici, je crois avoir pu différencier deux grades de démons. Si quelque chose m’échappe encore, car certains mages sont bien au-delà de mes critères, je crois à l’existence de Haut-Démons. Ces derniers représentent les premières entités capables de conférer des pouvoirs destructeurs à des vaisseaux humains. Les utilisateurs de la rune démonique, liée à un Haut-Démon, sont également ceux possédant le plus faible taux de corruption - cette gangrène commune à quelques utilisateurs, rendus fous au fur et à mesure que leur magie évolue.

Le second grade, selon moi, est celui que j’appelle Archidémon. Je n’ai eu malheureusement que très peu l’occasion d’en observer, au vu de leur rareté, mais je suis confiant à l’idée d’affirmer que ceux-ci ont des pouvoirs liés aux runes que nous connaissons déjà. Ou plutôt… Quelque chose qui s’en rapproche. Bien plus chaotique, et surtout dangereux.

Notons également que d’autres entités démoniaques ont été repérées sur notre plan physique au fil du temps, bien moins importantes que celles citées ci-dessus. J’aurais tendance à penser à de simples êtres inférieurs, des entités impies incapables de se lier à un humain. Faibles, parfois imbibées de magie élémentaire, ces diablotins - voilà le nom que je leur confère - ont dû être rejetées directement dans notre monde au vu de leur faiblesse notable. Toutefois, si des êtres tels que ces lutins marchent sur nos terres… Qu’en est-il du reste de leurs semblables ?

Peu d’individus ont révélé cette rune, dite maudite, mais l’on constate une résurgence de celle-ci ces dernières années. Ainsi, je continuerai mes recherches jusqu’à être capable de prouver mes dires. Jusqu’à ce que l’Académie reconnaisse le danger que représente cette école de magie. »