L'honneur, la vaillance, la gloire, autant de valeurs et de concepts qui sonnent doux aux oreilles des uns comme des autres mais auxquels rares sont ceux qui y croient réellement. Autant qu'à la destinée manifeste visant à la défense de l'humanité dans son ensemble, absurdité sans noms s'il en est. Cynique remarque ? Très certainement, mais juste et affutée car après tout si l'univers et ses ouailles étaient tous aussi gracieux et bienveillant en réalité que sur le papier, l'on n'aurait guère besoin de prévenir la plupart des contacts entre la royauté et le commun des mortels.
Sire Ar Voltsk en sait quelque chose, de par ses longues années d'expérience et de service, nonobstant sa philosophie s'en tiens à des principes bien plus restreint et à défaut de ne pas être contraignants dans leur mesure, ils sont simples et sans ambiguïté. Devoir, obéissance et diligence. C'est là tous ce dont une lame-lige de sa Majesté a besoin en ce bas monde et c'est ce qu'entends incarner le vieillissant chevalier.
Il n'y a d'autorité suprême que ce que la couronne et uniquement la couronne dicte, et l'honneur d'un chevalier est de veiller à ce que sa volonté soit faites. Si le doute peut parfois s'insinuer, le réel ennemi demeure l'incompétence la plus crasse d'où le fait de rester à l'affût et de conserver son sérieux, quitte à briser les coeurs et les ardeurs déplacés de ceux qui vivent en dehors de la réalité avec des aspirations trop grandes pour leurs réelles aptitudes tenant plus du cirage de pompes.
Chien de garde ? Certainement. Ils ont bien raison de considérer la chose, car un dogue même avec une vie derrière lui demeure vicieux et dangereux, surtout lorsqu'il est entraîné à mordre. Les malfaisants, malcontents et toute la racaille qui grouille à l'ombre des remparts érigés sur l'ordre du Trône afin de protéger toute cette crasse... Ingrats tous autant qu'ils sont.
Qu'ils raillent, maugréent et se moquent si ça leur chante, l'argent et l'or s'ils sont artifices superflues ne sont qu'un trompe-l'oeil comme les ignorants aiment à le penser. Lorsque leurs masques tomberont, ils obtiendront leur réel dû, qu'ils soient Grands, canailles ou quiconque, la volonté suprême de la préservation incarnée par sa Majesté la Reine sera faites coûte que coûte et s'ils n'en sont point contents, qu'ils aillent tous en enfer.
Chien de garde en armure, animal de compagnie, portier peu loquace. Les sobriquets affluent en masse lorsqu'il s'agit de dénigrer la Lame-Lige de sa Majesté. Très certainement à juste titre mais surtout et principalement par pure colère et amertume de devoir se conformer comme tous et chacun à l'implacable volonté les séparant de la Souveraine suprême qui n'a de toute évidence que trop à faire sans avoir à accorder de précieuses minutes à d'illustres quelconques quémandant pour des broutilles.
Cela fait toutefois des lustres que le vieillissant chevalier n'a plus cure de ces piques et autres attaques verbales, tout au plus elles sont un tant sois peu distrayante lorsque empruntes de créativités. Mais il serait malvenu de croire que l'existence de l'intéressé se résume à faire le plancton à la suite de la Reine.
A ce jour, peu incarnent au sein des outils proches de la couronne tout ce que l'on attends d'eux, certains sont là par pure népotisme, d'authentiques pots de fleurs dont l'on n'a aucune réelle utilité et qui ne doivent leur place que par des faveurs et des privilèges. Mais pas la maison de Voltks, qui de père en fils sert par les armes et le sang directement sous les ordres de sa Majesté.
Tancred, Vème du nom par ailleurs, n'est que le dernier d'une longue lignée, dévoué à servir avec loyauté et surtout efficacité. Entraînement draconien dès le plus jeune âge, afin de développer l'endurance, muscler le corps et l'âme, instiller l'obéissance absolue au Trône, graver le maniement de la lame, de la lance et de la masse d'armes dans les gênes. Un travail d'orfèvre réalisé avec soin et sévérité car contrairement aux postiches faisant acte de présence, un Voltsk se doit de se dévouer à atteindre l'excellence car c'est ce qu'attends sa majesté, c'est ce qu'elle mérite.
Tout pour la Reine, par la Reine, au nom de la Reine. Véritable Dogue d'attaque du trône et égide inébranlable Sire Ar Voltsk au cours de cette longue trentaine d'années à servir s'inscrit ni plus ni moins que dans la lignée familiale. Ce que la Couronne veut, sa volonté sera faites qu'importe les contrevenants, les imprévus ou autres.
Il ne serait pas faux de dire qu'apercevoir le Chevalier n'est jamais très bon signe car les besoins des têtes couronnées ne nécessitent pas strictement à ce qu'on empêche les parvenus de souiller leurs bosquets ou prévenir un coup de surin sur leurs personnes sacrées. De temps en temps, il convient de superviser et d'inspecter certaines choses au nom du Trône afin de faire des... Rapports exhaustifs. Ou le cas échéant, s'assurer que le travail soit fait.
Gare à celui à la loyauté mal placée qui voit apparaître au loin la blanche hallebarde et l'armure argentée, car elles ne sont pas toujours là pour protéger ses privilèges. Loin de là.
D'autant plus que des on-dits qui courent, Sire Ar Voltsk serait pour sa part pleinement dévoué dans les saints arts de la lumière en vertue des dons que les cieux ont daigné lui faire. Une égide et une lame-lige il est voué à être, même jusque dans l'incarnation de ses mystiques pouvoirs. Protéger, servir et écraser les traitres et les ennemis du trône de façon implacable, car la vermine ne mérite nulle miséricorde.
La volonté de la Reine sera faites, quoi qu'il en coûte. La Reine protège. Longue-vie.
Qu'importe l'histoire, que l'humanité retrouve ou perde son savoir certaines choses demeurent inchangées en dépit des affronts des individus comme de l'univers. L'ancienne maison d'Ar Voltsk en est un exemple flagrant s'il en est. Depuis des temps immémoriaux et en dépit des pertes face aux abysses, les fils et les filles de la dynastie à la blanche égide servent fidèlement la Couronne, en l'état la Reine actuelle, louée soit son nom et bénit son existence avec comme destinée et volonté suprême imposée par la tradition et le devoir pour l'ainé de chaque génération de viser à entrer dans la Garde de sa Majesté.
Tancred V Ar Voltsk, actuel tenant du titre de patriarche au sein de sa maisonnée en dépit du fait qu'il délègue massivement à son frère et son épouse les affaires de cette dernière dû à ses obligations, n'est ni plus ni moins que le dernier en date a avoir pris ses fonctions auprès du Trône afin de servir directement sous ses directives. Un immense honneur qu'il savoure, cultive et rend avec un service dévoué depuis presque une trentaine d'années désormais, ayant succédé à son propre père qui lui même avait pris la place du sien et ainsi de suite dans cette fonction qui si elle peut apparaître comme quelconque est en réalité de la plus haute importance.
Les résultats de longues années d'immenses efforts portés par son paternel si l'on puis dire qui pris le temps nécessaire afin d'inculquer à sa progéniture les enjeux du devoir et la tradition, par les mots, la plume mais aussi par les poings et ce plus d'une fois. Après tout l'on ne forge pas un chien de garde comme l'on éduque le reste de la noblesse fainéante et parasite. Jeunesse rythmée au rythme de l'épée et des maximes des lettres vivant à fournir tous les outils et la compréhension d'une philosophie, l'on pourrait volontiers parler là d'endoctrinement.
Toutefois l'intéressé s'il le reconnaît n'en a plus cure depuis longtemps et adresse des remerciement silencieux à feu son géniteur pour sa sévérité ayant permis de forger l'âme et le corps comme ils se doivent de l'être. Des terrains de lice de la demeure familiale aux origines, à l'académie pour un temps lorsque la Révélation advint, dévoilant lors de l'auguste cérémonie les faveurs de la Rune de la Lumière, une véritable bénédiction, quelques années passèrent puis il fut temps de faire ses classes à l'armée comme l'impose la volonté royale. Une promenade de santé si l'on pouvait dire et à dire vrai il aurait été aisé pour l'ainé de la dernière génération des Voltsk de demeurer sur place et de se complaire parmi les troupes de choc.
Mais là n'était pas son rôle, ni même la volonté familiale, à peine l'année fut elle écoule que l'appel fut fait et Tancred y répondit immédiatement sans sourciller. Oui-da, la seule réponse qui importait et qui importerait. En tout état de cause Sire Ar Voltsk suivant une fois encore la tradition devait encore s'assurer que les lois antiques de la chevalerie soit respectés et pris sous son aile en tant qu'écuyer son fils. Une manière de finaliser son éducation et de lui faire entrevoir son rôle futur lorsque l'heure viendrait.
Durant ce laps de temps et avec les années passant, un bon parti lui fut trouvée parmi une autre dynastie de la noblesse d'épée, des festivités sobres entérinèrent l'union et si il s'agissait avec tout d'un mariage d'intérêts, il advint par le plus grand des hasards que mari et femmes s'apprécièrent au travers d'un amour sincère.
Puis arriva finalement le moment fatidique, advint au cours de sinistres évènement ayant mené à une rixe armée à l'intérieur même du château que Sire Ar Voltsk non sans arriver à occire son assaillant fut gravement blessé dans l'exercice de ses fonctions, manquant d'y laisser la vie et perdant tout de même une main dans la foulée, ce qui avec son grand âge en vue le rendait désormais inapte à servir comme il le faisait auparavant. Ainsi son dernier acte avant de se retirer vers des fonctions annexes au sein de la cour, fut-t-il d'adouber sa progéniture devant témoins, ce avant qu'il ne soit appelé à prendre place au sein des gardes de sa Majesté afin de combler la place laissée vacante.
Et ainsi le cycle fut bouclée une fois de plus. Les années passèrent, tâches ingrates, ordres absolus, hauts et bas, mais elles passèrent et avant même que l'intéressée ne s'en rende compte, cela faisait déjà une trentaine d'année qu'il servait, continuant à suivre les traces de son paternel jusque dans l'inscription de ce qu'il considérait comme absolu dans les gênes et l'esprit sa propre progéniture. Quoi qu'il en soit, le temps n'avait pas été clément avec le genre humain et surtout avec sa Majesté dont les ingrats et les détracteurs n'avaient point diminués en nombre et dont la détermination à se comporter comme de la vermine demeurait constante.
Encore une journée de plus à exécuter la volonté du trône, encore une journée à remettre à sa place toute cette crasse dégoutante souhaitant contaminer son prochain par pure jalousie et malveillance dû à son manque de dévouement. Mais qu'importe, la finalité demeurera la même, SA volonté sera faites, et aux ordures la racaille, car là est sa place.