Envoyée dans ce monde d'une façon peu habituelle dénuée de l'amour d'une mère et d'un père, fut élevé dans un orphelinat d'Havrecoeur avec d'autres enfants comme lui. Habitué à devoir partager, apprendre et respecter autrui il garde cette mentalité lorsqu'un couple d'artisans décide de l'adopter. Même si de temps en temps, une droite fulgurante partait dans la face d'un petit insolant lui rappelant sa condition de bâtard élémentaire du nord.
Du père forgeron, il apprend la rigueur et la patience mais l'échec semble l'agacer au plus haut point, rater une commande signifie perdre des pièces et ne pas manger de la viande à la fin de la semaine ! Il aimera évacuer sa frustration en s'entrainant avec les pièces de fer ratées, trop grandes pour lui elles lui feront des bras comme ceux de ses ancêtres.
Avec sa mère à l'échoppe, il apprend le contact humain et parfois faire bonne figure face à quelqu'un de désagréable. A l'inverse, il observera des fois sa nouvelle mère jouer de ruse et de charmes pour vendre une arme avec un prix plus élevée pour donner une part de tarte à son fils. Si c'est tromper de mauvaises personnes pour nourrir ses proches est-ce réellement grave de mentir ?
En grandissant il est un enfant qui ne se laisse pas faire, les origines du nord lui offre une croissance constante et un corps taillé comme une armoire. Il n'hésite pas à défendre les plus frêles et à s'attaquer à plus gros que lui, se prenant les coups pour les autres à certains moments.
C'est à l'armée qu'il forgera sa personnalité et son corps pour le combat, s'imposant comme devise "la meilleure défense c'est l'attaque". Un soldat droit dans ses bottes qui ne s'adonne pas à la frime, l'arrogance ou au harcèlement comme certains supérieurs. Il aime à se dire que comme ses parents, il aide la société, délivrant parfois un mensonge de temps en temps pour protéger les esprits. Massacrant les ennemis de l'humanité avec les armes de son père, honorant ainsi son nom et son travail, protégeant ses copains d'enfance il perpétue ses souvenirs de camaraderie et de partages avec sa section. En bref, un homme entier, droit dans ses bottes qui dirigent des hommes avec le sourire pour mieux baigner dans le sang d'un ennemi.
Le jeune combattant n'a pas quitté l'armée depuis ses 16 ans, il y a développé de nombreuses amitiés et rivalités qui l'ont poussé à donner le meilleur de soi-même. Lors de quelques missions accompagné d'hommes de confiance, il pu démontrer un esprit d'équipe et un leadership naturel, puissant colosse il n'en reste pas moins un ami en qui on a confiance ce qui donne envie de le suivre. Ses supérieurs le remarquent et son investissement ne fait que grandir, il n'abuse pas de ses droits et s'amuse même à participer à quelques sessions d'entrainements à l'épée lors des classes des nouvelles recrues.
Ses démonstrations de maniement des lames en tout genre sont toujours agréables à regarder, ses compagnons ne manquant jamais de rappeler que après ses moulinets et ce bruit de vent qui se fend devant les recrues, suit un geyser de sang et de tripes en plein champ de bataille.
"Soyez prompt et sans pitié" lâche-t-il souvent à des bizuts un peu trop tremblotants, des mots simples qui peuvent parfois leur donner le courage de porter le premier coup et leur sauver la vie.
Sa plus fidèle lame est un morceau long et épais d'acier noir et argent tellement imposant qu'on aurait pu le confondre avec un croc qui fend le ciel à chaque mouvement, d'où le nom qu'il lui prête de façon si affectueuse "Croc de Lune". Ses proportions dépassent celles de l'habituelle claymore des gros bras des régiments.
Dans les brumes d'automne autour de Havrecoeur, une silhouette semble se mêler à contre courant de la foule partie travailler et récolter les derniers champs avant l'hiver. Elle porte un large panier d'osier ou deux draps bougent parfois un bras… Un bras ? Une petite âme abandonnée dont le destin était entrelacé avec les ombres mêmes qui enveloppaient les hommes il y a longtemps. C'était un nourrisson, déposé à la porte d'un orphelinat dont la façade laisse deviner qu'on y traite bien les petits et les grands, une institution nichée dans l'un des quartiers populaires de la ville. Les nourrices vêtues de capes noires, découvrirent l'enfant emmailloté dans des étoffes blanches, accompagné d'une mystérieuse lettre. "Né sous l'étoile du Nord, corrompu par la magie", disaient les mots griffonnés à l'encre noire. Aucun nom, seulement des origines et des indices sur une corruption magique.
L'acteur principal de ce récit fut nommé Ferdrad, un gamin fringuant qui fait de ses camarades de chambres de vrais copains. Il apprend à lire et à écrire avec les nourrices, apprenant les bases du fonctionnement de la ville et de sa société avec elles. Lorsque la bande part jouer dans la rue ça se bagarre avec les autres enfants, parler du bâtard du nord ou insulter un camarade ça mérite une leçon plus sévère que celles des vieilles de l'orphelinat ! Puis un jour, où les larmes de joie et de tristesse se mêlent dans l'heureux évènement qu'était l'adoption de notre petit nordien, il fallut lui offrir un nom de famille et dire au revoir aux copains qu'il reviendra défendre lors des sorties en ville. Il allait enfin connaître la vie "normale" que ses adversaires de rue lui vendaient !
Ferdrad Vonkran, fils du forgeron, instruit et volontaire pour aider au four il y apprendra la discipline et la rage de l'échec, utilisant les pièces ratées du paternel pour apprendre l'art de l'épée. Les épées ratées furent ses meilleurs jouets, et sa première grosse "bêtise" fut de ramener ce fer grossier lors d'une session de jeu avec ses vieux amis de l'orphelinat ou il se décide à utiliser le plat pour envoyer un petit caïd dans les eaux usées. Il se rappellera à jamais de la chaleur provoquée par la claque du milicien sur sa joue droite et celle de son père sur la joue gauche. Une nouvelle leçon lui fut offerte sans attendre, qu'est-ce qu'une lame, et quel est le symbole de lever une arme sur un camarade innocent.
Les années passèrent, il change de place entre l'échoppe de la mère et la forge du père jusqu'à atteindre son 15ème anniversaire. Au vu de l'origine de demi-élémentaire de métal, il n'était pas rare qu'il décharge l'excès de mana en créant de petites flammes pour la forge ou pour améliorer son endurance pour l'entrainement. La petite famille n'était pas du tout hésitante pour ce rite, où le jeune Vonkran pensait reconnaître des têtes connues de l'orphelinat du même âge que lui, un simple sourire en coin pour se saluer et le stress reprend le dessus. Le jeune homme avec son physique de nordien toujours en croissance domine un peu l'assemblée lorsqu'il s'avance pour effectuer le rituel dans sa tenue d'un blanc immaculé. Il plie les genoux lorsqu'il entre au centre de la pièce entouré de mages confirmés, il avait bien plus de frissons à être à leurs côtés que lorsque la milice lui adresse un regard autoritaire. Ses yeux se ferment plusieurs secondes et il ouvre enfin le grimoire vierge, son corps réagit à la magie ambiante et une fumée s'échappe de son corps en réponse aux mages de la salle. Son souffle s'accélère et il réouvre ses yeux qui sont d'un argent scintillant, lorsque la rune se pose enfin sur la page elle est d'une belle couleur rosée et le surplus de magie qu'il semblait avoir s'est déchargée autour de lui dans une petite brume de la même couleur que la rune. Un mage sensorielle, voilà qui est étonnant mais bien utile se dit-il, voyons comment cela pourra l'aider pour ses classes.
Le voilà enfin le jour secrètement envié par le jeune homme, maintenant ce n'est plus les copains qu'on protège, mais les habitants peu importe leur statut, leur force ou leur bourse. On peut enfin porter une lame à la ceinture avec toutes les valeurs qu'il en incombe, les ennemis ne se battent plus pour jouer mais pour tuer ! En plus des hommes mal intentionnés, le reste des abysses doit être purgé et il faut garder le moral des troupes au plus haut car l'esprit est aussi fort voir plus que les bras. Ses classe furent un moment douloureux, long et éprouvant mais incroyablement instructif ! Il en ressortit comme un homme et non le garçon qu'il était.
A force d'investissement et de démonstration de force, il se fait connaître comme un combattant d'exception, utilisant son mana comme un carburant pour son corps, offrant des prouesses physiques et martiales inégalées qui le font briller pendant des missions périlleuses. Il devient parfois une condition de victoire lorsque des bêtes imposantes lui font face, il reste néanmoins un bon camarade et un soutient moral de choix lorsque les terres reculées ou ils sont envoyés se montrent trop hostiles. Pour ses supérieurs il est tout naturel de le faire monter en grande.
Aujourd'hui le capitaine Vonkran pense vivre sa meilleure vie, enfin, avant de découvrir les veines noires qui se multiplient sur son corps, un pareil bonheur ne pouvait venir seul après tout.