Les apparences sont parfois trompeuses. Ou le sont-elles vraiment ? Ce doux sourire qui t'es offert. Ce regard envoûtant, rouge sang. Son effluve qui te parvient, tout aussi douce. Une fragilité et une élégance qui ne te laisse oser considérer une apparence trompeuse. Et pourtant, sa main qui glissait le long de ton épaule semble se serrer autour de ton cou. Son sourire te semble-t-il toujours aussi doux ? En cherchant tant bien que mal à discerner son expression, tu te résous à accepter la froideur de son expression, de ses longs doigts, si délicats, autour de ton cou.
Elle te sourit. Te promets qu'elle finira vite, t'offrira ta fin rapidement. Elle ne veut pas te faire attendre, et pourtant, cela semble durer si longtemps. S'abreuve-t-elle du plaisir de te voir languir entre ses mains ? Une menteuse. Une manipulatrice. Une conteuse de fausses promesses. Tu sais maintenant. Les apparences sont en effet trompeuses.
Plaisir. Tristesse. Compassion ? Il est si dur de discerner l'un de l'autre. Le plaisir d'un travail accompli, les mains propres, cette fois-ci. Aucune trace de sang. Alors, pourquoi ses mains tremblent-elles ?
Fille unique de famille fortunée, son éducation n'a pas manqué. La politesse, l'élégance, la littérature, et bien d'autres. Elle n'a pas eu la chance ou même l'opportunité de manquer une seule séance, non seulement sous les yeux autoritaires de ses parents mais aussi de sa tutrice désignée, tout aussi stricte par rapport à son éducation.
À force, Grace a du prendre plaisir à s'immerger dans les bouquins de ses apprentissages, à réviser ce qu'elle avait apprit lors des séances, au plus grand plaisir de sa tutrice ainsi que de ses géniteurs. Selon son père, l'intelligence est la qualité la plus vitale pour monter au pouvoir, et surtout pour y rester. Tout comme la manipulation, plus particulièrement lorsque dotés de charmes importants. Ou le simple fait d'être rejeton vampirique... Il faut savoir déconstruire les préjugés liés à l'ethnie, pour pouvoir atteindre ses buts.
Souvenirs parsemés, parfois très sombres ou très clairs. Des bribes d'enfance, des Abysses, de Havrecoeur. Rien n'est vraiment tracé par des lignes pleines.
Des souvenirs de ses parents. Nobles d'autrefois. Très fortunés, pour une raison qui lui est toujours floue, par mérite de leur travail ou bien au détriment de celui des autres. Grace n'en connait que très peu sur ses parents, mis à par la montagne d'argents qu'ils avaient accumulés avant qu'ils ne disparaissent soudainement peu après la descente des Abysses sur le monde.
Maintenant laissée à elle-même, dans un royaume éclaté, sans n'avoir pu tissé de liens avec les gens de son âge. S'il y a bien une chose qu'elle se souvenait de son père, c'était qu'il avait toujours insisté sur le fait de ne faire confiance à personne, et certainement les arts de la manipulation, du contrôle. Particulièrement avec la beauté dont détenait son unique fille. Il s'est assuré que ces croyances soient ancrés dans celles de sa fille.
Grace croit très fortement que la descente des Abysses sur le monde est la raison du départ de ses parents, et elle ne rendra pas les armes avant qu'elles ne soient chassées du royaume. C'est avec les croyances partagées de son père - vengeance, détermination, manipulation, pouvoir - qu'elle fera entendre raison au gouvernement. Peu après avoir atteint la vingtaine, Grace rejoignait les rangs de ceux qu'on appelle des « assassins ». Le tout commence par s'occuper des petits pions, jusqu'à se rendre à Sa Majesté, pour un infaillible échec et mat.
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La mémoire de Grace semble lui jouer des tours de plus en plus souvent. La chose était commune lorsqu'elle était encore jeune enfant, adolescente, mais jamais fréquente. Le mois dernier. La nuit dernière. Véritable trou noir, elle se souvient avoir été confié un assassinat, impossible cependant de se souvenir de qui et de où le crime avait eu lieu. Sa mémoire revient uniquement le matin suivant, alors qu'elle s'était réveillée couverte de sang.
Elle secoue la tête, inutile de se créer des maux de têtes. Grace n'a jamais eu la capacité de remplir les trous noirs des souvenirs oubliés. Son regard glisse jusqu'à la lune, sa beauté soulage légèrement son esprit. Les alentours baignent de sa lumière, le domaine de Havrecoeur n'aura jamais été aussi beau. Soudainement, un cillement la force à mettre les mains sur ses oreilles, elle se sent étourdie, le soulagement n'aura été que temporaire. Avait-elle laissé tombé ses gardes, manqué de vigilance ? Son père lui avait pourtant rappelé milles fois...