Honoré (ou plutôt l’Gastelier, comme il est plus communément appelé) est un homme jovial et bon vivant. Un gars typique des remparts, un bon roturier qui n’évoque que l’hospitalité et la chaleur. Père aimant (qui a toujours fait de son mieux, peu importe ce que ses enfants auraient à lui reprocher) et grand-père gâteau (littéralement), il place sa famille et sa patrie en priorité. Il est simple à cerner, ne cache aucun lourd secret, n’a aucune part d’ombre de laquelle se méfier.
Il fait son boulot et il est content de le faire.
Toujours un sourire sur le visage, il blague, il rigole; il est cet éternel optimiste perpétuellement ouvert aux autres et qui cherche constamment l’étincelle d’espoir et de joie dans les ténèbres qui entourent Havrecoeur. Loin de se laisser distancer par les jeunes générations, il se réinvente constamment, aime apprendre et s’intéresse à toutes les nouvelles avancées technologiques qui se présentent - il a, par contre, un peu de mal à cerner la magie autre que sous la forme de la technomagie. On soupçonne chez lui un petit côté savant fou qui aurait sans doute brillé s’il était né fils d’érudits plutôt que fils de boulangers - mais on ne choisit pas ses origines et on ne peut que jouer avec les cartes de sa main.
Ainsi, Honoré n’a jamais perdu sa curiosité d’enfant. Nullement honteux de son âge, il est le premier à s’inscrire aux nouveaux cursus de l’Académie qui l’intéressent - en particulier ceux qui concernent le futur. Il est de l’avis qu’il faut laisser le passé là où il est, et que les hauts gradés font bien de s’intéresser plutôt à l’avenir de ses petits-enfants. Il ne souhaite d’ailleurs pas se reposer sur ses lauriers et laisser le travail aux autres : loin de vouloir prendre sa retraite, il cumule avec avidité les petits matins de besogne aux fourneaux et les soirées tardives à chipoter aux derniers outils technomagiques qu’il peut se procurer - voire à essayer d’en inventer par lui-même. Il faut dire qu’il est bon élève et particulièrement inventif : entre les nouvelles recettes de brioches et le plan innovant d’un oiseau postier, il n’y a qu’un pas…
Réserviste (ravitaillement) : Il ne serait sûrement pas sage de rappeler l’Gastelier sur le champ de bataille, mais les soldats qui se souviennent de lui savent combien il est fiable et utile au niveau logistique. Très organisé, expert en vivres et tout ce qui touche à leur conservation, sans compter sur les relations au sein des roturiers qu’il a tissées au fil des années, il vous crée une chaîne de ravitaillement pour le front en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Il n’a pas peur de se rendre sur place pour superviser le tout et on peut compter sur lui pour nourrir autant les pionniers que les combattants.
Technomage : On aurait tort de le cantonner à son métier de boulanger et à oublier ses années d’études à l’Académie; l’inventeur caché sous la toque ne dort jamais et guette constamment l’opportunité de bidouiller quelque chose. Il n’y a qu’à voir les gadgets qu’il a inventés et qui lui servent en cuisine - sa fameuse ceinture-à-cuillères et ses lunettes-à-épices n’en étant que les premiers balbutiements nés trente ans plus tôt. Si seulement il pouvait apprendre à raffiner le mana en cristal par lui-même…
Survie : Son expérience en cuisine lui a appris bien des choses, et surtout l'art de savoir se nourrir et nourrir autrui avec presque rien. Honoré n'a pas besoin de ses recettes et de ses fourneaux - s'il le faut, il est tout à fait capable de cuire un pain au feu de camp et de moudre une farine rudimentaire avec deux pierres. Il connaît autant les méthodes révolutionnaires facilitées par la technomagie que les techniques ancestrales de ses grands-parents qui devaient se débrouiller pour nourrir la population sans aucune infrastructure, alors qu'Havrecoeur se bâtissait.
Rune ésotérique : Une bonne chose qu’Honoré soit resté à l’Académie jusqu'à obtenir son diplôme - quand on vit avec une rune aussi impulsive, il est bon d’apprendre à se maîtriser… ainsi, lors des cours d’Honoré, il était surtout question de connaissance de soi plutôt que de maîtrise de sorts spécifiques. Loin de posséder les capacités illusoires de la plupart de ses confrères, il semble que sa magie soit intimement liée à son gagne-pain et à l’attrait qu’il insuffle dans ses créations de farine…
Un siècle, en fin de compte, ce n’est pas si long. Les grands-parents d’Honoré faisaient partie de cette première vague de pionniers qui a bâti Havrecoeur. Ils se sont trouvé un coin tranquille dans les rues commerçantes côté remparts et y ont établi leur boulangerie. Il fallait bien nourrir tous ces travailleurs, et les champs de céréales devaient être labourés tout près. Leur fils perpétua cet héritage. Et le fils de ce fils (Honoré, donc), également. Il va sans dire que le propre fils d’Honoré suit déjà cette voie et aide son père au fournil.
Vous comprenez, on est fier de dire qu’on est gastelier de père en fils, depuis la création d’Havrecoeur, si bien que le mot lui-même est devenu leur appellation. “La première boulangerie de la ville !” qu’on lit sur l’écriteau devant la porte.
Une vie simple, toute tracée, à peine perturbée par les années d’absence d’Honoré, à quinze ans, dans les dortoirs de l’Académie. On voulait qu’il découvre sa rune et qu’il apprenne à la maîtriser - on espérait une rune élémentaire, histoire que ce soit plus simple d’allumer le feu du four ou d’apporter assez d’eau pour la pâte. Ce n’était pas ça en fin de compte, et l’ésotérisme d’Honoré porte encore à confusion - mais peut-être fallait-il s’y attendre avec un esprit aussi libre que le sien.
Il ne s’est jamais rebellé contre sa voie, Honoré. Il était bien content d’être boulanger de naissance, même si sa curiosité le poussait évidemment autre part. Il a fait son service militaire où il a appris à manier l’épée et le bouclier. Il s’est marié. Il a eu des enfants. Ses enfants ont eu des enfants. Une vie simple mais bien remplie, satisfaisante.
Et puis, il y a les retours périodiques à l’Académie à chaque avancée technomagique. Une fascination dévorante pour Honoré; un besoin d’apprendre et de créer. Doucement, il commence à intégrer les nouveaux outils à sa routine. Il se prépare un petit atelier derrière l’entrepôt où ils gardent la farine. Il s’instruit, il lit les publications qui l’intéressent, il s’amuse à construire de petites machines en forme d’insectes ou de tout ce qui est assez petit pour ne pas nécessiter trop de matériaux. Des jouets pour amuser ses petits-enfants, pour la plupart - la seule chose qui leur manque étant ces cristaux de mana, inaccessibles. Alors, il se rabat sur des mécanismes simples de pantins et de rouages. Mais il guette, Honoré. Il veut créer des choses. Il veut faciliter la vie des gens, peut-être contribuer à en sauver si la technomagie suit la voie de la médecine. Il voudrait même animer ses petits biscuits.