De ses lèvres s’échappent un souffle de plus en plus court qui, dès lors que ses pas l’amènent à un tournant, s’arrête momentanément. Les pulsations de son cœur reflètent la détresse de ses membres, peu habitués à une telle activité depuis que sa vie consiste à occuper la Tour. Seulement, ce n’est pas l’unique chose animant les battements dans sa poitrine et tire les traits délicats de son visage dans cette inquiétude visible.
Ceres est inquiète, oui. Inquiète pour sa propre vie.
Une main posée devant sa bouche produisant trop de son, elle s’arrête pour reprendre un peu de contenance et comprendre où ses pas effrénés l’ont mené. L’obscurité ne l’aide en rien à se repérer et ses sourcils se froncent alors que son regard est plutôt attiré vers son poignet. La peau y est éraflée par endroit, ouverte en une plaie dégoulinante à un autre, comme si une lame s’y était plantée puis qu’on l’avait tiré.
Tirant un mouchoir propre de sa poche, Ceres grimace en se mordant les lèvres lorsque le tissu entre en contact avec sa blessure. Il lui faut rester discrète, mais la douleur est plus vive que ce à quoi elle s’attendait - vivre parmi les livres ne l’a pas vraiment préparé à résister à la souffrance physique. Tant bien que mal, elle serre son bandage de fortune pour arrêter le saignement – ces gouttes vermeilles qu’elle a laissé sur son chemin comme pour appâter son bourreau.
Celui-ci même qu’elle aperçut du coin de l’oeil alors qu’il déposait lentement ses doigts sur le rebord du mur menant à sa cachette provisoire. Le ricanement s’élève dans la nuit comme pour lui signaler sa fin.
Elle va devoir courir, vite.
Sauvez-moi