Kallias, il a appris à mentir comme il respire, le souffle bref comme une hécatombe, les gestes passifs d’une dégringolade aux enfers, Kallias vendrait père et mère. La lassitude des baisers paresseux, les gestes graciles comme on le lui a appris, le faux silence jusque dans la tombe ; savoir dénicher les secrets. L’allure presque frêle et les yeux prétendument baissés, Kallias comme une âme en peine, chaque jour la même rengaine. La douceur et les faux-semblants, l’ardeur et les crocs caïmans. Kallias comme une étoile parfois trop pâle, un râle inégale. Kallias qui brille pourtant par les bracelets aux poignets, les mèches sombres comme une rivière d’enfer, la moue réfléchit et le sourire qui sait se faire sous-estimer pour mieux piétiner, achever discrètement
sans un bruit
sans un remord
presque avec rancoeur ;
sans un gramme de cœur.
Fébrilité imaginaire qu’on laisserait s’écraser à terre, juste pour plaire, satisfaire la chevalière baisée d’un regard abaissé. Murmurer oui murmurer non, demander pardon devant les regards trahisons. Suivre le fil inventé d’un jeu orchestré, tout faire pour ne pas s’emmêler les pieds entre audace et humeur vorace. Kallias joue pour gagner, s’abreuver des luxueuses lueurs hébétées sans jamais savoir s’arrêter, déposer le mot de la fin.
Peut-être demain.
Sur la corde raide il avance sans hésiter, s'ennuie de la monotonie et se languit des précipices, d’un lendemain qui lui semble lointain.
Kallias entremêlent les doigts dans le giron, la nuque arqué en concentration faussée, se sait être observé pour ce qu’on qualifierait de grande beauté ; s’amuse à en jouer, braquer les regards en fausse naïveté, sourire paisiblement des minauderies affligeantes. Grincer des dents silencieusement mais l’homme se plaît à faire semblant, bouffer l’avidité des plus grands. Un jour, il sera géant.
En refoulant ses propres colères éphémères, son sale caractère.
Il brille par la nonchalance bien placée, les miettes de bonté grignotées. La lueur taquine au fond des prunelles, c’est un jeu de stratège et Kallias pose toujours ses pièges, fait miroiter les privilèges.
Les yeux se baissent, il rêve de hauteur. Kallias ne sait pas s’effacer dans l’ombre quand vient la foule, l’heure de la scène, il rit en silence dans une moquerie voilée sous les compliments délavés, l’âme indéchiffrable et le dos courbé à souhait ; s’affranchir des géants et suivre le courant.
Prendre tout son temps,
glisser comme les serpents.
hypocrite - parfait menteur - mise en scène - joueur - nonchalant - l’allure frêle mais confiante - narcissique - jaloux - douceur parfois trompeuse - se mord les lèvres pour refreiner les colères - matérialiste - amoureux de la faune, une obsession étrange pour les créatures à écailles et espèces grouillantes que certains qualifieraient d’horribles - apprécie son confort à la châtellerie et n’aime pas spécialement devoir patauger dans le sol boueux - un peu précieux peut-être - loyauté douteuse - taquin - consulte régulièrement les joueurs de tarots, ça le fascine - grand lecteur, principalement sur tout ce qui concerne la magie et les mythes/légendes - a tout juste en souvenir les leçons de son service Militaire : Kallias se bat avec les mots, non avec les armes - sensible aux odeurs, il fronce souvent le nez de dégoût - ambitieux - stratège - ceux qui ne jurent que par leurs muscles et la force brute ont tendance à le faire grimacer - peut compter ses amis sur les doigts d’une mains et encore, pas sûr qu’il accepte de les qualifier ainsi même si au fond il ne les échangerait pour rien au monde - un peu plus sincère, plus doux envers ceux qu’il apprécie réellement et qui ont réussi à faire tomber son masque - même s’il aime finalement, jouer les méchants - origine elfique - grand et élancé, la peau trop pâle (mais délicate diront certains) qui n’apprécie pas de rester trop longtemps au soleil.
chasseur de mystère - amoureux des énigmes, des anomalies, du voile langoureux qui recouvre Havrecoeur. Ce n’est pas tant la vérité qui l’intrigue, mais la difformité que prennent les secrets, les rumeurs, les chapes de ténèbres. La bête à 3 cornes et le mystère de l’oubli, la manie des hommes à se satisfaire des habitudes naïves, confortables, réconfortantes, horriblement redondantes. Un souhait égoïste sous la forme d’avidité passée la tête dans les bouquins qui n’existent pas (ne devraient pas), les mots raturés comme si ça suffisait ; mais Kallias prend les défis comme si le monde les lui destinait.
dévoreur de secrets - les failles de chaque être vivant, Kallias s’en satisfait d’un sourire repus, les heures passées à gratter, entailler, murmurer. Batailler silencieusement d’un baiser fané pour les brèches d’une humanité dévastée, Kallias se plait à savoir ce qui vous fera trembler, pleurer, rire à gorge déployée. Une note dans son carnet mental, le symbole de ce qu’il sait et que vous ne savez pas ; s’imaginer roi des secrets qu’il promet de ne pas répéter ; un mensonge éhonté, il attend son heure pour faire tomber des cœurs. Si l’occasion se présente, Kallias pourrait sans scrupule échanger ses informations au plus offrant, mais il reste difficile en affaires. Un secret pour un secret.
charisme, persuasion, manipulation - il sait Kallias, la bouche en cœur et le regard amusé, qu’il pourrait ordonner qu’on lui obéirait. Que pour un sourire amoureux de sa silhouette presque efféminé on lui offrirait plus que ce qu’il n’oserait demander. Qu’il suffit de feindre l’émois, le désarroi, la châtellerie comme une scène de théâtre ; un jeu d’acteur qui lui vaut myriade de compliments à vomir seul au fond du cabinet. Il sourit pour mentir dans une parade qu’il connaît par cœur, dans les promesses qui se meurent. Sait se vêtir de mille visages, de mille ardeurs, de mille rancœurs.
à pas de fantôme - Kallias hors du feu des projecteurs n’a bien que faire des beaux discours plein d’ardeur, du souffle court bourré d’aigreur, breloques scintillantes pour lui barioler la peau de faux semblants. Délester la chape dorée pour une discrétion mesuré, Kallias sait se faufiler, courber l’échine, attendre son heure et reconnaître les meilleurs coins d’ombre pour patienter. Quand il le souhaite, Kallias sait ne pas se faire remarquer, compter les pas pour savoir où il va. Revêtir un visage que personne n’observera, Kallias sait ne faire qu’un avec ce qu’on ne remarque pas.
les doigts du harpiste - malmenés contre les cordes, douce mélodie que Kallias a appris à parfaire depuis sa sortie de l’Académie pour noyer ses sourires sournois, le faux émois. Compléter une panoplie de mythes et de magie devant la cour. Kallias est doué même s’il lui arrive parfois d’avoir des ratés, il aurait aimé avoir commencé plus jeune et ressentir la musique dans le sang.
Les jurons en bouches oh les vilains mots brutalement dilapidés par le paternel aigri d’une vie qui ne fait pas de cadeau ; tout part en lambeau. Les bouteilles de vin s’entassent au pied du canapé, ça n’essaye même pas de promettre que ça va s’arranger car parfois, on bois juste pour oublier ; les femmes, les colères, la vie, l’enfer. Kallias du plus loin qu’il s’en souvient il n’a jamais dit merci papa je t’aime papa. Kallias, du plus loin qu’il s’en souvient il a la rancœur cloitrée dans les poumons, les regards qui dévient pour ne pas voir la saleté qui s’amasse parfois sur le plancher, dans les artères bouchées.
Brody Caelestis c’est comme les mauvaises herbes, on a beau tout arracher ça ne part jamais vraiment. Brody c’est une claque derrière la tête parfois, quand l’envie lui prend parce qu’on ne sait jamais vraiment ce qu’il pense de la vie, du whisky, d’un fils qu’il oublie et qu’il se plaît à dénigrer parfois, quand il se souvient des responsabilités. Kallias les sabots sales qui trainent sur le tapis à contempler le paternel ivre réciter en promesse mortelle toutes les insultes sur une femme (une mère) qui n’existe peut-être plus que six pieds sous terre, couverte de vers de terre.
Kallias fait son service militaire sans faire de vague, de mauvaise grâce sans aucun doute mais le regard baissé quand il le fallait, la moquerie enflammée quand il le devait. L’idée de défendre un blason sous couvert d’une loyauté exigée lui fout la nausée. Mais Kallias sait patienter.
L’académie se passe mieux, Kallias passionné par la magie, le don de s’instruire et d’essayer avant même que l’on puisse le lui ordonner. S’amuser à tricher pour se sentir exister, briser les règles sans se faire attraper ; l’adrénaline adolescente pour tromper l’ennui mordant de certains cours redondants. Kallias sait s’entourer des meilleurs sphères en passant sous silence les bouteilles de vins de son enfance éclatées dans le cellier. Kallias au sommet d’une notoriété exigée, arrachées comme si ça lui était destiné. Enfin, il apprécie se faire remarquer quand on lui parle de traits efféminés, de chevelure soyeuse qu’on rêverait d’embrasser.
Les portes de l’Académie dans son dos, Kallias n’est bien bon qu’à charmer, faire semblant d’exister, une harpe entre les doigts dans les établissements réputés, commencer à se faire connaître entre clin d'œil et mélodie d’amour. La noblesse l’approche comme les loups friands de chair fraîche, Kallias comprend mais la belle naïveté lui va parfois comme un gant, ce sont les débuts (parfois tremblants) d’un courtisan. Elle lui a tout appris, les gestes graciles indélébiles, la moue peinée à improviser, le rire niais qu’on rêverait de s’accaparer. Elle lui a conté comment noyer les secrets, comment dérober les naïvetés ; le dos droit et le souffle tremblant comme on l’apprend dans tout son établissement. Kallias est spécial, comme elle aimait lui murmurer avant de s’évaporer, grande dame qui pour garder fortune s’offrit le luxe de revendre la chair, les muses, l’extravagance que certains ne pourront jamais se payer.
Il s’est pris au jeu, refusant d’en être malheureux jusque devant la cour où les faux semblants ont fini par lui aller comme un gant. Il a courbé l’échine docilement, trop souvent fait semblant ; il a rendu quelques regards haineux, s’est accaparé les peurs des esprits trop suffisants. Kallias a parfois fait chanter, ordonné pour tenter d’arriver au sommet, lui qui se fiche bien de la liberté. Prendre ce qu’on lui offre en grand sur les plateaux d’argent ; arracher de ses ongles bien taillés ce qu’on ne peut lui proposer,
dévorer les vérités.