Le voilà, l'échec.
Soudain, votre doux sourire perd de ses couleurs.
Vous vous asseyez sur le bord de votre plan de travail, l'œil vagabond. Que faudrait-il faire pour avancer sur votre théorie ? De quelles ressources avez-vous besoin, exactement ? Ces questions trouveront sans doute les réponses adéquates. Toutefois, cela n'arrivera peut-être pas aujourd'hui. Peut-être pas demain, non plus. Dans l'attente d'une meilleure hypothèse, vous vous asseyez à votre bureau, l'esprit léger.
Des petits gémissements aigus font leur apparition depuis l'arrière de votre épaule. Par réflexe, vous tournez la tête et observez deux petites mains noirâtres, avec seulement quatre doigts sur chacune d'elle, s'agripper à votre épaule. Vous apercevez brièvement une petite tête se dissimuler derrière votre épaule dans la foulée ; un nouveau bruit résonne lorsque la créature se rend compte de votre regard posé sur elle. La voilà qui se cache de ce dernier.
Face à vous désormais, elle observe le bout de biscuit prudemment et s'approche de ses petites ailes. Elle renifle encore un peu, goûte du bout de la langue cette sucrerie et semble heureuse à l'idée d'accepter votre présent. La voilà qui, désormais, attire le biscuit de ses frêles mains et le gobe tout entier, d'une seule traite. De ses joues pleine de sucre, la voilà qui s'exprime :
Heureuse, semble-t-elle, elle voltige en cercle devant votre visage avant de s'arrêter sur votre bureau. Vous l'examinez davantage... C'est une petite bête noire dotée de deux yeux ronds et blancs comme neige. Elle possède deux cornes sur la tête, ainsi que des petites ailes dans l'arrière de son dos et une queue démoniaque ; mais la bestiole est beaucoup trop adorable pour être redoutée.
Puis elle s'adresse à vous, à nouveau, une fois sa bouchée terminée.
Malheureusement, elle avance un peu trop et finit par poser ses pattes sur le bout du parchemin. Elle ouvre grand la bouche et se recule un peu - comme si chacun de ses mouvement était malmené, maladroit. La voilà qui tombe à la renverse en essayant de se reculer, et se redresse aussitôt dans un gémissement adorable.
Elle sautille en arrière et fait le tour du parchemin, pour se trouver face à lui. Elle penche encore un peu la tête, remarque les quelques coups traits sur le papier qui commencent d'ores et déjà à lui ressembler, et voilà qu'elle vous fait face, souriant.
Vous l'interrogez. La créature pointe son index sur ses lèvres, réfléchissant à comment vous faire comprendre ce qu'elle souhaite vous dire. Puis elle pointe ce même index en direction de votre cœur ; elle sautille sur votre bureau, maladroitement, pour se rapprocher de vous et finalement toucher le milieu de votre thorax avec son petit doigt.
Elle hoche la tête à votre première question en guise de réponse. Pour la seconde, elle penche la tête de gauche à droite, puis se décide à prendre la parole.
Soudain, le petit diablotin arbore une mine attristée ; il s'arrête de mâcher et laisse tomber ses bras de chaque côté de son corps minuscule. Le biscuit tombe de sa paume, il fait la moue. Son regard se lève par intermittence dans votre direction ; devant vous, un enfant qui aurait peur de se faire gronder. Un détail attire cependant votre attention ; son langage s'améliore petit à petit. Comme s'il apprenait à parler à vos côtés. Il bégaie moins, ses phrases sont plus fluides ; cette petite créature est-elle capable d'un apprentissage aussi rapide ?
Avant même que vous ne puissiez rétorquer, la créature se redresse sur ses deux pattes et s'envole à l'autre bout de la pièce. Lorsque vous vous retournez... Elle a complètement disparu.
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