Vous donnez une bien triste image, et faites graviter autour de vous de bien mauvaises ondes. Il est affligeant de voir un esprit aussi affuté que le votre s'heurter à des problématiques bien en dessous de ses capacités, s'évertuer à devoir offrir à autrui le bien dont vous avez vous-même besoin. Il y a quelques siècles, vous auriez fait une merveilleuse tragédie, une agonie dont les yeux se repaissent. Mais il n'est pas trop tard pour déployer vos ailes, n'est-ce pas ?
Debout, Daeryn.
...
...
Un bruit sourd vous sort de votre sommeil. Vous secouez la tête, un peu hagarde. Fiou, ce n'était qu'un mauvais rêve. Encore un...
Des images se bousculent. Une grande silhouette, un renard qui accourt vers un château lointain, et cette discussion.. Vous sentez quelque chose en vous, comme un potentiel jusqu'à lors en sommeil, un pouvoir qui vous appelle et vous séduit. Une promesse pas si lointaine.
Il faut du temps à votre cerveau pour retrouver de sa contenance. Sitôt fait, votre attention se retrouve happée par le même bruit qui vous a réveillé, et qui réitère ses avances. Ca vient d'en bas, là où vous recevez les clients de votre armurerie. De toute façon incapable de vous rendormir, vous décidez d'y jeter un coup d'œil et descendez ainsi prudemment les escaliers. L'échoppe est plongée dans l'obscurité.
Vous ne vous sentez vraiment pas dans votre assiette, confuse et déséquilibrée... Le bruit vous fait alors brusquement sursauter une troisième fois.
C'est la porte. Quelqu'un toque.
Votre cœur s'emballe quelque peu tandis que vous essayez de deviner qui cela peut bien être. Il vous appartient toutefois de choisir la marche à suivre.
L'idée vous frôle l'esprit à vous aussi, et vous agissez ainsi avec une précaution bienvenue. Hélas, à peine entrouvrez-vous cette maudite porte que le froid s'engouffre dans votre maison et confère un peu plus d'inconfort à une scène déjà ô combien déplaisante. Vous remarquez un brouillard, épais et laiteux, qui monte jusqu'à la base des cuisses et qui lui aussi cherche à passer le seuil de votre foyer. Quelque chose vous fait dire que ce dernier n'est pas naturel, peut-être même est-ce un artifice de la part du visiteur de la nuit, qui assurément ne souhaite pas attirer trop de regards sur lui. Seulement le vôtre.
L'homme est parfaitement immobile, seul son visage pâle s'extirpe du linceul enténébré qui recouvre la totalité de son corps. Il vous observe sans jugement, mais avec une pointe d'impatience que vous discernez sans peine.
Lorsque vous reparaissez, il vous observe calmement et vous suit sans se plaindre de la petite épreuve d'agilité que vous lui imposez. A vos côtés, il grimpe sur le toit et y prend place. D'en haut, vous remarquez maintenant que le brouillard si épais ne semble exister que dans un périmètre autour de votre maison.
Doucement, il déroule son plan. Son visage reste calme et captivé par le lointain.
L'homme plonge une main dans son veston, il en extirpe un petit parchemin scellé. Il ne vous le tend pas encore, mais semble attendre que vous le remarquiez.
Enfin, il avance du plat de la main le parchemin noué vers vous.
Il recule son dos une petite seconde, puis inspire profondément.
Cette fois, il saisit le parchemin et vous le tend directement.
Une fois le parchemin libéré de son sceau, il vous en montre le contenu. Vous voyez un glyphe, comme une rune étrange qui accapare votre attention avant de vaguement s'illuminer. Vous vous sentez quelque peu étrange, l'œil captivé par ce dessin gravé sur le parchemin, la complexité de ses traits, la mystérieuse sensation qui s'en dégage. A peine le temps de cligner des yeux, que le glyphe ne brille plus, et vous vous demandez bien quel était l'intérêt d'une telle démonstration...
Le vent s'est toutefois calmé, vous êtes réconfortée par la chaleur sereine d'une cheminée.
L'odeur est également différente. Un mélange de poussière, d'herbe et de bois vieilli.
Est-ce que vous.. ?
Il s'approche de l'établi qui a attiré votre attention, laissant son doigt tracer le contour d'un burin.
Finalement, il semble vous dévoiler son idée, cette maudite idée qui trotte dans sa tête depuis si longtemps.
L'idée pourrait vous faire sourire, voire même vous soutirer un soufflement de nez. Pour autant, maintenant que vous y êtes confrontée et que vous avez en plus une vague idée de leurs compétences, avez-vous réellement envie d'en rire ?
Un bruit se déclare au dessus de votre trogne. Vous entendez une petite cloche accompagner le heurt d'une porte qui se claque, puis des éclats de voix indistincts, ceux d'une conversation sympathique entre deux individus.
L'homme s'avance alors vers vous, et extirpe un second parchemin de son veston sans pour autant en déloger les plis ou en ébouriffer l'étoffe. Vous remarquez une fois encore que beaucoup de choses invraisemblables gravitent autour de sa figure. Ce brouillard qui semblait imbibé de propriétés étranges, cette téléportation instantanée et indolore, cette cape noire semblable à un linceul dont la profondeur semble incohérente..
Ce n'est pas un simple porte parole. Ce corbeau là n'est pas de ceux qui se chargent seulement de porter un message à son destinataire.
Vous remarquez d'ailleurs qu'il n'a pas répondu à votre question, ce qui laisse présager une réponse favorable à votre suggestion.
A ses mots, l'homme déplie le parchemin pour de bon, et vous expérimentez une fois encore ce vague malaise.
Votre corps traverse le temps et la matière, et en l'espace d'un battement de cil, vous vous retrouvez sur le toit que vous avez quitté quelques minutes seulement auparavant.
Vous êtes cependant cette fois seule, avec un objectif à remplir, et un colis posé sur le seuil de votre porte.
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La voici alors, prête et patiente, à faire face au chaos.
(Merci pour votre temps ! N'hésitez pas s'il y a quoi que ce soit ! )