Lennox est en perpétuelle noyade dans les pensées qui l'assaillissent sans cesse, elle prétend savoir nager mais elle ne fait que s'embourber davantage. Elle passe d'obsession en obsession, veut toutes les collectionner et pense que rien n'est trop grand pour sa petite tête, stocke tout dans son esprit infini en promettant d'y revenir plus tard.
La solitude lui frôle continuellement les chevilles et elle a appris à l'accueillir et à l'aimer comme un chat errant, pour l'instant apaisé mais qui pourrait, à tout moment, sortir les griffes et planter ses crocs dans sa chair tendre. La douleur de la morsure n'est rien à côté de la souffrance à côtoyer ceux qu'elle méprise, ceux qu'elle regarde de haut sans qu'ils ne s'en aperçoivent, trompés par le masque de politesse qu'elle ajuste sur son visage. Elle ne les tolère que parce qu’ils peuvent lui apporter quelque chose. Utiles, jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus.
Lennox marche au milieu des couloirs, n'aime pas raser les murs. Elle fait comme sa sœur, qu'elle a longtemps observé à la maison : prendre ce qui lui est dû, ne pas toujours s'écraser. Dans la vie, il faut doser, et elle a encore des choses à maîtriser. Certains disent que c'est l'influence de son aînée, que celle-ci a bien fait de partir pour l'armée. Ses parents ne disent rien, trop occupés. Lennox n'écoute pas, trop obsédée.
Lennox n’aime pas suivre les règles, pas même les siennes. Alors, pas de regrets, hein ? Mais elle finit quand même par taper du pied lorsque ça ne va pas dans son sens, et même lorsque c’est de sa faute, lui arracher la confession de sa faute s’avérera plus ardu que prévu. Un jour, sa fierté la perdra, mais pour l’instant c’est elle qui la pousse à toujours avancer.
Ce qu'elle cache derrière le masque social, c'est une voix cassante, des yeux fatigués, des mots qui se mélangent aux pensées, des idées qui fusent et des questions qui rejouent le Déluge. C’est une incapacité à se connecter aux autres. C'est un cœur qui bat la mesure d'une envie dévorante : la quête de la vérité. C'est des poings qui se serrent, prêts à faire tomber tout ce qui se mettrait sur son passage.
+ quelques petits fun facts parce que je ne sais pas comment les placer :
ambitieuse - fait de son mieux - fait de son plus mauvais aussi - de mauvaise foi - fait des fixettes - effrayée par l'extérieur mais en même temps terriblement curieuse - aime garder une poker face - pleure de rage - ne l'admettra probablement pas mais a peur des vampires - fait des blagues nulles en gardant un visage neutre - attendrie par les animaux - fait beaucoup trop de choses par intérêt - n'hésite pas à contredire les gens - individualiste - a toujours préféré sa sœur – se dit que si sa sœur a hérité des compétences physiques, elle miserait tout sur les arts de l’esprit - capable d'un minimum d'empathie - n'aime pas écouter ses émotions - n'aime pas travailler avec d'autres personnes - n'arrive en fait pas à se connecter aux autres - et de toute façon, se dit que les abysses sont bien plus intéressantes – va poser des questions à n’importe qui pourrait lui apporter des réponses - à la recherche de la vérité, toujours, même si elle blesse - te fixe avec un air mort quand elle ne comprend pas / trouve que tu dis de la merde / fait semblant d'avoir écouté mais n'a rien écouté du tout
Lennox n’est pas aimable, mais on peut au moins lui concéder sa diligence quand il s’agit de travail, et plus que les efforts et la mise en œuvre, ce sont les résultats que l’on peut saluer. Elle mettra tout son être dans la réalisation d’un projet, dans des recherches, dans n’importe quel travail, à partir du moment où le sujet l’intéresse, ou qu’il peut lui apporter quelque chose de significatif. Et de ses discussions avec sa soeur et de ses années en tant qu'élève à l'Académie, elle a retenu quelques objets d'intérêt autour des Abysses, de la guerre et de l'existence incertaine (même absente, selon certains) de créatures angéliques qui aurait pu apporter l'équilibre face aux démons, sujets qu'elle cherche par tous les moyens d'alimenter, pas pour la gloire, mais pour une satisfaction personnelle.
Par ailleurs, s’il y a un domaine dans lequel elle peut se targuer d’exceller (de vous à moi, son niveau est bon mais ne touche pas pour autant l’excellence…), c’est la magie. Vouloir être la meilleure est une motivation comme une autre, mêlée d’une pointe de culpabilité à l’idée de dépasser sa sœur aînée. Mais il est indéniable qu’elle possède une réelle aisance à l’utilisation de sa rune et qu’elle en tire une joie presque enfantine, qui vient éclipser le reste. Alors, fière de sa Rune Esotérique, elle redouble d'imagination, teste ses limites et espère secrètement qu'elle n'en a pas.
Enfin, plus qu’un pouvoir, c’est sa seconde nature de s’adapter à ce qu’on lui propose, d’une façon ou d’une autre. Elle copie la façon de travailler jusqu’à trouver la sienne, elle observe et elle reproduit les normes sociales d’un groupe, avant de passer au suivant, naviguant ainsi avec une aisance feinte. Faire semblant est devenu un automatisme qui lui ouvre des portes. Et elle ne s’arrêtera pas avant de les avoir toutes enfoncées.
Aster d'abord, nouveau-né braillard, nourrisson aux grands yeux brillants, enfant vive et audacieuse. Lennox arrive cinq ans plus tard, babille dans les bras de sa sœur qui fait la grimace, chante faux et se fait reprendre par Aster.
Depuis toute petite, on lui a raconté des histoires populaires, et sa préférée de toutes, celle sur le déferlement abyssal, sur la chute du château, sur la retraite des hommes dans ce havre de paix. Sa sœur lui disait de faire attention, que les ombres allaient venir la chercher, alors Lennox gardait les yeux grand ouverts dans son lit, la nuit, jusqu'à s'épuiser et lâcher prise. La journée, plongée dans les prés dorés, elle s'imaginait sortir, armée de son courage et de son épée, accompagnée de sa sœur, défier et défaire les Abysses. Et Aster lui rappelait que son épée ne lui servirait à rien, et surtout pas entre ses mains à elle, qu’elle aurait besoin de quelque chose de plus puissant pour se confronter aux ténèbres, une entité plus grande que l’Humanité, des êtres plus purs que tout pour permettre l’équilibre du monde. Ce n’étaient que des fables pour la plus âgée, qui ne pensait pas pouvoir à ce point influencer l’imagination de Lennox.
L'aînée a fini par passer le Rituel de la Révélation, s’est retrouvé avec une Rune élémentaire qu'elle considérait à peine. Ce qu'elle attendait, c’était apprendre à se battre. À côté, Lennox appréhendait le moment où Aster se faufilerait hors de la maison, hors de sa vie. Elle le sentait, sa sœur était en train de lui glisser entre les doigts.
Le service militaire d’Aster lui a fait l’effet d’une claque. Elle avait l’impression que l’âme de la maison s’était envolée, les repas étaient plus silencieux, les journées dans les champs moins amusantes. A onze ans, il y a tant de choses à faire, mais pour Lennox, ce n’était pas aussi drôle sans son étoile polaire. Elle aidait ses parents à contre cœur, s’est liée d’amitié avec les gamins du coin – seulement le temps qu’Aster revienne.
Et elle est revenue, et ça a été presque comme avant. Il n’y avait que le voile qui passait parfois devant les yeux de l’aînée, ses moments d’abstraction, comme si elle n’était plus vraiment avec eux, qu’elle rêvait d’ailleurs. Mais elle était vite tirée de ses songes par Lennox qui voulait faire tout comme sa grande sœur, alors Aster lui a appris à courir, ramper, éviter les projectiles. Et elle lui disait toujours, on peut tous se réinventer. Mais l’année d’après, Aster est repartie. Dans sa caserne, au sein de l’Armée. A chaque fois qu’elle revenait leur rendre visite, elle racontait les entraînements, les patrouilles, les expéditions. Les histoires d’enfant prenaient vie à travers ses récits, alors Lennox vacillait entre la rancœur et l’émerveillement. La grande sœur tutoie les étoiles, ne laisse que la poussière à sa cadette qui lève les yeux et se dit qu'elle ne pourra de toute façon pas faire mieux.
Et puis, un jour, Aster n’est jamais rentrée. Lennox était à l’Académie depuis déjà un an quand elle a reçu un courrier de ses parents, lui demandant de passer à la maison. Il n’y avait que peu d’information, trop peu. Lennox est allée toquer à la caserne mais aucune réponse ne lui a été donnée, et on lui a gentiment proposé de rebrousser chemin.
Alors, elle a préféré se taire pour l’instant et plutôt se préoccuper de ses études. Entretenir sa magie, la nourrir, la voir grandir. Impressionner ses professeurs, rendre envieux ses camarades. Réussir, au moins dans ce domaine, pour pouvoir avancer plus loin encore. Sa première mission extramuros n’a duré que quelques heures mais lui a laissé un souvenir vivace, tenace, et n’a fait que renforcer son obsession pour les Abysses et ses monstres. Pour elle, la disparition de sa sœur et les mouvements abyssaux seraient liés, alors elle se perd dans l’étude de ces derniers, se dit que la réponse à ses questions se trouve là, dans les pages noircies et celles qui se sont égarées, mais aussi au-delà des remparts, au-delà des terres habitées. Là-bas, au sein des territoires hantés.
Petite chronologie des familles que je n'ai pas réussi à mettre sous spoiler sans casser le code :
- Naît en 778 de parents agriculteurs
- Grandit dans une petite maison dans le village à côté des champs avec ses parents et Aster, sa sœur de 5 ans son aînée
- S’occupe comme elle peut avec sa sœur, pour qui elle a une admiration presque maladive
- Aster part pour son service militaire alors que Lennox a 11 ans : à son retour, elle cède à la demande de sa cadette et lui apprend à se battre
- Un an de flottement pendant lequel Aster aide aux champs et essaie d’occuper sa sœur, puis elle quitte le foyer pour entrer à l’armée
- Lennox le vit comme une trahison mais est toujours heureuse lorsque sa sœur vient leur rendre visite entre deux patrouilles, entre deux missions
- A 15 ans, elle passe le Rituel de la Révélation et hérite de la Rune Esotérique
- A 16 ans, Lennox fait son service militaire et décide de rejoindre directement l’Académie par la suite, elle veut briller là où sa sœur ne le pourra pas
- Elle a 18 ans lorsque sa sœur disparaît
- Dans l’incapacité d’agir, elle continue ses études, reste 4 ans à l’Académie pour acquérir les connaissances basiques, puis 2 ans pour se perfectionner, se distançant de ses parents
- En parallèle, elle participe à des petites missions intra et extramuros
- A 24 ans, elle demande à suivre un professeur pour l’assister dans ses travaux, continue de participer aux missions lorsqu’elle en a l’occasion
- Au final, toutes ses obsessions finissent par se recouper : les Abysses, sa sœur, et la certitude que quelque chose dans l’univers existe pour lui rendre son équilibre