À quoi bon vivre, sans elle ?
Charognard ; carcasse vidée de tout espoir, silhouette vaporeuse dont l'âme s'est enfuie il y a dix ans de cela. Un homme mort, marchant sur le sentier. Aslan.
Ce soir encore, vous vous couchez dans des draps froids. Ce soir encore, votre esprit s'évade, ressassant les malheurs du passé, échos mélancoliques hantant vos nuits. Et ce soir encore, vous vous endormez seul.
L'homme qui a tout perdu.
Quelles sont vos chances d'un jour retrouver celui que vous étiez ?
Vous tombez dans les méandres du sommeil. Lentement, vos muscles s'avachissent. Une fois endormi, le loup n'est plus qu'une docile créature. Vulnérable. Accessible.
Et vous rêvez. Vous ne pensiez pas que c'était encore possible. Mais cette nuit, vous rêvez.
Face à vous, deux pupitres. Une femme et un homme, assis respectivement à ces derniers. Vous baissez les yeux et constatez que votre accoutrement n'a rien à voir avec vos vêtements habituels. Tout de noir vêtu ; une longue robe dissimulant toute parcelle de peau. Assis à un grand bureau, vous remarquez qu'une... balance est disposée au centre de ce dernier.
C'est une vaste pièce. Des estrades, des gradins sont installés de parts et d'autres de la salle ; sur les sièges sont installées des silhouettes noires, sans visages, aux sourires disgracieux ; un sourire dessiné d'une fine ligne blanche, lumineuse. Elles bougent lentement, donnant l'impression qu'elles respirent ; sont-elles réellement vivantes ? Ces créatures sans visages, dont les membres ne semblent pas définis ; des masses difformes à l'apparence floue et déstabilisante.
Toutes vous regardent.
Ainsi que ces deux personnes placées sur les pupitres.
Dans votre main, un maillet. La femme se met à pleurer.
Vous tournez la tête à droite, remarquant qu'une de ces silhouettes noires est assise juste à côté de vous. Dénuée de lèvres, celle-ci prononce pourtant quelques mots ; une voix résonne alors, comme un écho à vos tympans.
Aslan joignit ses deux mains derrière sa caboche, formant un oreiller de fortune au confort rustique, ses yeux se perdaient dans l’obscurité alors qu’il fixait le plafond aux poutres apparentes. Sa respiration lente soulevait sa poitrine dans un rythme régulier, ses pensées divaguant. La mélancolie s’était emparée de son cœur en cette douce soirée, laissant au soin de l’artiste de ressasser des moments délicieux réchauffant son âme, avant de laisser déferler d’autres passages qui habitaient constamment le larron. Cette nuit s’annonçait comme bien d’autres, peu reposante, cauchemardesque ou pire encore… oubliable. Car en vérité, même les effroyables visions lui offrait la possibilité de revoir son soleil… N'était-ce pas le propre des rêves ? Rencontrer une fois encore ceux que l'existence avait cruellement arraché ou éloigné.
Si habituellement, le loustic remuait dans ses draps en quête d'une position l'envoyant valdinguer dans les bras de Morphée, le sommeil vint promptement à bout de sa résistance, assénant un crochet dévastateur qui envoya sombrer l’homme d’armes, trahissant son état d’un ronflement à en secouer les murs de la piaule.
* *
Aslan plissa les yeux, presque aveuglés par la vision se dressant devant sa carcasse arthrosé. Un duo de pupitres, manifestement de hauteur facture, ornée de superbe sculpture avec clouer derrière deux hurluberlus. Une donzelle et un gaillard, tous deux les mirettes rivés sur le nouvel arrivant. Le fils Grunwald, les sourcils froncés, vint racler sa gorge quand, surpris, il avisa que ses guenilles avaient été subtilisées puis remplacées par cette robe taillée sur mesure à la teinte la plus sombre possible. Évidemment, ce choix n’était pas pour plaire au mercenaire qui se mit à rouspéter, pour changer. Avec une pince formée de son index et de son pouce, le crabe tira sur l’une des manches pour illustrer sa future boutade.
« Eh bah, c’est l’plus mauvais costume d’fantôme qu’j’ai vu d’ma vie. »
S’exclama-t-il en souriant, plutôt fier de cette blague minable, son regard se portant sur les silhouettes dénuées de frimousse qui constituait l’assemblé pour constater l’effet de sa plaisanterie. Un bide sans nom. Les monstres aux rictus figés demeuraient stoïques, interdits, et seule leur respiration indiquait la vie animant ces créatures. Vexé d’avoir échoué, celui qui ne percevait pas encore la nature de cet étrange tribunal marqua son mécontentement devant l’absence de réaction.
« C’est quoi ça, un public ou une mosaïque…? »
Toutefois, la désinvolture presque blasée du mercenaire vole en éclats lorsque des pleurs se mirent à retentir, troublant le silence pesant sur les épaules du blondinet… et que dans une de ses mains se trouve collé un maillet. D’un mouvement, Aslan observe la créature à sa droite d’où émane les sanglots. À l’instar du public difficile, une ombre… Une ombre dont la poignée de mots sortie prendre l’air firent frémir le rêveur. Si autrefois amusé par la représentation théâtrale qui se jouait devant lui, l’idée d’en faire partie l’enchantait moins. Alors Aslan délivra la seule réponse épidermique qu’il maîtrisait quand il était acculé. Mordre. D’un geste dénotant une certaine agressivité, le mercenaire pointa du maillet logé dans sa pogne le type membre du duo réfugié derrière les pupitres.
« Eh toi l’corniaud, qu’est ce que c’est que cette mascarade ? J’te préviens tout d’suite qu’si tu mens, j’grimpe jusqu’à toi et je fais goûter la spécialité du chef, la salade de phalanges, et j’ai du rhab pour les autres affamés et… »
Accompagnant ses mots de grands gestes équivoques, qui laissait entrevoir une reconversion à succès dans une profession de mime, la robe noire dont il était affublé entravait certains de ses gestes. Cette restriction de liberté agaça profondément le sans honneur, qui s’agitait en essayant de retirer cette soutane, sans succès. Son rythme cardiaque s’accélérait, sous l’effort et l’oppressant de la situation, alors à pleins poumons, il cracha ses interrogations.
« Foutre de Dieu, qu’est c’qui passe ici et qu’est ce qu’vous me baragouinez ? »
Ses iris bifurquaient d'une silhouette à une autre. Le courroux, l'appréhension et l'incertitude animaient son regard furieux. Les palpitements de son cœur martelaient sa tempe, l'adrénaline se diffusait à une vitesse édifiante dans son sang bouillonnant. La rationalité et la véracité de cette vision mystérieuse n'étaient nullement remises en cause par Aslan, piégé dans ce qui n'incarnait pas qu'un banal rêve. Avec un geste presque théatrale, Aslan entreprit d’arracher la robe dans laquelle il se trouvait, oubliant le reste.
- Choix fait:
- Retirer la robe
Si vous pensez que vous pincer le bras pour en échapper suffirait, vous commettez là une grave erreur.
Tandis que vous essayez de retirer la soutane de juge dont vous êtes affublé, une cuisante douleur vous remonte le long des jambes. De l'obscurité où vous vous tenez, vous voyez jaillir de larges et épaisses chaînes aux maillons serrés et robustes. Certaines s'enroulent le long de vos mollets, d'autres partent en direction du plafond. D'un coup d'œil inquiet cherchant la repentance, votre sang se glace à la découverte de ce qui se balance, juste là, au-dessus de votre caboche.
Une cage, qui vacille comme un métronome. Trop haute pour que vous puissiez discerner le visage du prisonnier, vous devinez à sa silhouette et aux mains qui dépasses des barreaux qu'il s'agit d'une femme. Maintenant que vous l'avez observé, vous entendez son souffle... épuisé, haletant, pétrifié. Les chaînes convoquées par votre irrespect s'infiltrent dans la cage, et vous n'entendez de la prisonnière qu'un cri de stupeur rapidement coupé. Sitôt comprenez-vous alors que le calme est passé, et que s'approche la tempête.
Seriez-vous en proie à un semblant de regret ?
Vous revenez à ce tribunal de pacotille, à cette farce dont vous êtes manifestement la dinde. Devant vous a apparu un sablier, un compte à rebours a commencé... mais pourquoi ?
Votre attention oscille entre les deux accusés, et vos mains fléchissent. Vous avez un verdict à rendre, vous devez définir la morale, et condamner l'illicite. Deux visions, deux réalités, qu'une réponse.
Le temps s'arrête, l'attention se focalise sur vous. Vous n'avez que quelques secondes avant de prononcer le verdict.
La brûlure provoquée par les chaînes sur ses gambettes fit vaciller le juge dont la respiration devint haletante durant l’effroyable léchouille. La défiance du bougre d’âne avait été sanctionnée, sanction qui avait touché la créature enfermée dans la cage plus haut, par ricochet. Visiblement, ceux ayant pensé ce tribunal se régalaient d’un plaisir sadique autant que pervers, se gaussant de l'acteur principal ridiculisé et enchaîné. La sensation de voir le contrôle échapper de sa carcasse fit frémir le blondin qui observait le temps s’écouler, représenté ici par le sablier nouvellement formé. La haine se mit à grimper dans ses veines, gronder dans son âme sèche de se voir dépouiller de liberté. La créature torturée au-dessus de lui, à son instar, semblait particulièrement souffrir… Mais le mercenaire s’en moquait, Le peu qui lui avait été crucial fut ôté à son existence bien des hivers avant, le malheur d’autrui n’était plus sa priorité.
L’épineux problème soumit par les deux partis s’était accaparé l’attention du juge qui, la mine fermée, contrariée, voyait ses idées bousculer par ce fichu jugement à rendre. Instantanément, l’humain par solidarité masculine se mit du côté du pauvre cornard. Trompé… Humilié malgré un comportement irréprochable... Et si la femme qui avait été celle de sa vie l’avait trompé, comment aurait il agit ? Bien plus effroyablement que la silhouette lugubre derrière son estrade, assurément. Cependant, la défense prodiguée par la demoiselle faisait diaboliquement sens. Une âme devait-elle être punie par les lois humaines pour n’avoir seulement que respecter sa nature ? Profiter des plaisirs charnels incarnait il un crime? Et cette satanée greffière incapable de fermer sa boite à pipe, constamment en train de le presser, laissant peser le poids de conséquences désastreuses.
Le juge prit une profonde inspiration.
« J’vous emmerde tous les deux. Toi la chienne incapable de tenir parole en allant se ruer dans la débauche et sautiller sur la queue d’un autre. Et toi pauvre clébard à exiger des représailles plutôt que de t'en être occupé toi-même. Faut avancer, l’artiste. La vengeance, c’est pour les charognards, pas les moutons. Retourne dans ton pré, l'herbivore.»
La suite de sa tirade fut rugie, tandis qu’il tentait de se dépatouiller avec les chaînes qui martyrisaient sa peau.
« Je suis le juge, juré et bourreau de ce qui me regarde, et mon jugement ne s’applique pas à des chouinneries de couple ! Je suis le pantin d’aucun marionnettiste, alors le metteur en scène, qu’est ce que tu penses de cesser cette représentation débile et de venir me parler, que je puisse t’expliquer ma façon de voir ? Hein ? Que je te fasse regretter le jour où tu as marché sur la chaussure d’Aslan Grunwald. Voilà ma sentence. »
Et, d’un geste dédaigneux, il balança le maillet un peu plus loin, sans oublier de cracher un glaviaud diabolique à ses pieds.
- Choix fait:
- Choix libre : Il ne condamne et n'innocente personne.
Vous crachez sur cet épisode machiavélique, sur les chaînes qui vous retiennent droit contre le barreau, qui vous obligent à regarder le litige qui se présente à vous. Alors que vous trouvez la force de jeter le maillet au loin, de hurler des inepties à tout va. Vous refusez de vous plier aux règles, vous ignorez la sentence qui se doit d'être prononcée... Mais à quel prix, Aslan ?
Les chaînes qui vous retenaient se resserrent désormais sur toute votre carcasse, brisant les os de vos bras dans un vacarme infernal. Le sang gicle, votre visage se déforme sous la douleur, mais cela est loin d'être le plus important. Non...
La cage au-dessus de vous s'ouvre brusquement. Les chaînes qui tiennent le prisonnier à l'intérieur se remuent vivement, emprisonnant la silhouette davantage tout en l'attirant hors de la cage. Elle est amenée au centre du tribunal, placée entre les deux accusés et son visage vous revient enfin. Ou est-ce sa voix, soumise au supplice le plus insoutenable qu'elle aurait pu vivre ? L'une des chaînes se place sur sa gorge, resserrant son étreinte, la forçant à hurler de toutes ses forces. Les larmes rafraîchissent ce minois que vous connaissez... si bien.
Quel était son nom, déjà ?
Yal... Yelna, c'est bien ça.
N'est-ce pas, Aslan ?
Elle est si belle.
Si belle et pourtant, votre petite rébellion lui fait si mal.
La double porte à l'entrée du tribunal s'ouvre. Vous distinguez sans mal le visage d'un elfe qui observe votre bien aimée, se tenant juste à l'entrée de la pièce et prêt à avancer au moindre de vos faux pas. Et voilà qu'il sourit de toutes ses dents ; affreux visage, disgracieux au possible, il vous débecte et vous sentez votre estomac se remuer.
Le public, ces silhouettes sans visages, se mettent à rire en chœur. Vous êtes la risée du spectacle, et pourtant son acteur principal. Quel effet cela vous fait, Aslan ?
Le maillet que vous aviez envoyé valser au loin revient dans votre main valide de lui-même, volant à une allure folle jusqu'à ce que votre poigne s'en imprègne. Il semblerait que ce dernier... Soit prisonnier de votre paume. Plus aucun membre de votre corps ne semble vous répondre, excepté l'avant-bras qui use du maillet. Vous ne pourrez plus vous en débarrasser... Et vous n'avez nulle part où aller. Vous êtes condamné... à condamner.
La douleur que sa dépouille ressentit ne fut en rien comparable à la peine qui s’empara de son palpitant qui manqua un battement. Son corps hurlait de douleur et pourtant, rien n’égalait la désolation de son âme en apercevant celle qui endurait un énième supplice par sa faute. Une fois encore, sa muse subissait, et lui observait, impuissant. La volonté des plus braves lions pouvait être balayée d’un revers de main si l’on savait s'y prendre appuyé, et le charognard n’avait rien d’un lion. Il n’en possédait ni le prestige, ni la force. Son arsenal ne se composait que de la détermination des cabots aux dents longues, la résilience des vaincus, des mauvais perdants. Il n'était pas même en capacité de s’effondrer à genoux, la direction de ses membres ne lui appartenant plus. Sauf ce fichu bras armé de ce maillet boomerang. Aslan persista dans son mutisme, secoué par la douleur physique et émotionnelle, sans jamais détourner son attention de Yelna. De sa Yelna. Le sang ruisselait de chacun des bras des deux amoureux. Plus rien n’avait d’importance, pas même le salopard à oreilles pointues jubilant qu’Aslan s’était déjà juré de massacrer et de ficher la tête sur une pique. Une rancune, encore une autre, gravée dans sa caboche. Plus rien n'avait d'importance. Pas même les rires moqueurs et déformés des dizaines de silhouettes reposant dans les gradins. Non. Plus rien n’avait d’importance. Peut-être était-ce une banale illusion… qu’importe. Yelna demeurait sa Yelna. Essoufflé, le front perlant de sueur, le vaincu laissa siffler les mots entre ses lèvres.
« J'l'condamne, l’homme, lui, pour lâcheté. Pour n’avoir pas bronché, pour avoir supplié, app'lé à l’aide… pour n'pas avoir été à la hauteur. Il n'a pas été à la hauteur. Il n'a jamais été à sa hauteur. Coupable d’êt' habité pour l'reste d'sa vie d'regret plutôt que de remords. Coupable pour l’avoir abandonnée. Coupable… pour n'pas l’avoir sauvé d'ces démons. J'condamne l’homme, rendu coupable d'n’avoir été qu’un garçon, dans un monde d'hommes, d'loups et d'bêtes.»
Jamais ses iris ne détournaient du visage de celle dont Aslan avait oublié les contours. Qui condamnait-il en réalité ? Était-ce bien du trompé dont il avait proclamé le jugement ? La barrière était immensément floue, mais le verdict restait rendu. D’un geste lent, son bras valide se leva pour venir s’abattre, le maillet frappant le bois dans un bruit cinglant.
« Vous avez eu c'qu'vous désiriez, la marionnette s’est agitée docilement au rythme d'cette musique grotesque pour l'plaisir raffiné des moqueurs. Offrez la s'conde chance à celle dont vous avez ôté la première. J’ai rempli ma part d'ce contrat grotesque. »
Parvint-il à articuler, sa voix étranglée par la douleur, la peine, l’amour et la peur. Il n’y avait rien de plus terrible que de faire miroiter à une épave le retour glorieux de son capitaine aimé, pour lui ôter à nouveau. Machiavélique, cette mascarade macabre.
- Choix fait:
- Condamne l'homme
Qu'entendent-ils par seconde chance, ces esprits maléfiques semblant se jouer de vous ? L'idée vous traverse l'esprit, et alors vous commencez à entrevoir les possibilités. Renier la mort, offrir une seconde incarnation à votre amour perdu, défier le cours du temps et en changer les paramètres les plus diaboliques... Le seul problème serait la principale concernée, Yelna. Que penserait-elle du baroudeur odieux et violent que vous êtes devenu, un abject personnage sans foi ni loi, ôtant la vie aux vieillards et aux nourrissons ? Vous aimerez-t-elle encore ? En tant qu'âme fauchée injustement, sa rédemption est assurée. Mais qu'en est-il de la vôtre ?
Le visage de l'homme que vous condamnez à mort se décompose, et vous croyez voir apparaître un sourire moqueur sur les lèvres de la figure féminine. Personne ici n'ignore que votre diatribe était moins destiné au coupable qu'à vous-même, mais ils s'en fichent. Ce qui compte, c'est que vous venez d'envoyer autrui directement en enfer. L'homme disparaît, accompagné dans l'ombre par deux figures habillées de capuches de bourreau.
A ces mots, deux autres personnes entrent dans l'auditorium, un homme et une femme.
Vous connaissez la suite. L'attention se porte sur vous et sur votre décision future. Un nouveau dilemme à affronter, cette fois avec la menace de voir votre bien aimée souffrir de votre hésitation ou de votre défiance.
Aslan fulminait, sentant la rage bouillir en son être, consumant chaque parcelle de son organisme. La colère et la fureur, d'abominable mauvaises conseillères, lui hurlaient de se jeter au cou de n’importe quelle silhouette pour lui ôter la vie, en rugissant tel un animal fatigué d’être retenue en captivité dans ce cirque grotesque. Le charognard qu’il était s’offusquait d’incarner le pitre dans ce jeu morbide, de se contraindre à courber l’échine, à céder, à plier les genoux… la bête à la morale fluctuante rêvait de sang. Pourtant, un simple regard vers celle qui avait animé sa plus belle époque suffisait à faire taire le vent de dissidence le rongeant. La mâchoire serrée, la sueur glissant le long de son dos, la douleur vive, le juge se contentait de tenir bon, apaisant ses envies meurtrières avec des promesses de vengeance.
Un autre exposé lui fut soumis dans la foulée, sans lui laisser entrevoir le salut pour sa dulcinée. Peut-être n’était-il qu’un pantin qui amusait son créateur, le voir gesticuler divertissait l’architecte, pour l’instant. Le châtiment enduré précédemment s’était assuré de rappeler à Aslan sa place dans la chaîne alimentaire. Alors, docilement, passant d’un accusé à un autre, le juge prêtait une oreille attentive au problème soumis à son jugement. Encore une fois, les deux parties possédaient des arguments notables, du genre à secouer une caboche, et un code moral. Pourtant, l’un des mots fit particulièrement écho au sein du mercenaire qui n’avait plus rien de celui que Yelna avait connu.
« L’humanité…. »
Répéta d’abord doucement le malandrin. Curieux choix de mot, mais pour le blondin aux penchants plus que xénophobe, cette mention offrait un élément de poids dans l’exposé délivré par la demoiselle. De plus, en quoi l’égoïsme du mâle accusé pouvait arranger le malfrat Grunwald ? L’égoïsme n’était en rien apprécié par les égoïstes quand ce défaut ne leur profitait pas, ce qui était évidemment le cas de cette affaire. Le profiteur souhaitait se réserver une avancée n'arrangeant pas l’aigris mangeur de syllabes… Dans le cas inverse, assurément Aslan aurait conservé cet avantage à l'instar de l'accusé masculin, mais il n’était pas de ce côté du miroir, alors le marteau s’abattit à nouveau, délivrant son verdict.
« Je condamne l’homme. J’espère que cette représentation burlesque vous amuse, qui qu'vous soyez… »
Aslan foudroyait du regard l’insistance moqueuse, s’apprêtant à gerber un flot d’insultes inventif quand… La simple idée que sa belle en souffre suffit à endormir la baveuse acerbe du loustic.
« Suivant. »
Ajouta le désespéré, un peu plus voûté.
- Choix:
- Condamne l'homme
Toutefois, vous constatez qu'à votre réponse, ces dernières se desserrent légèrement. Serait-ce là un indice sur la longueur de cette attente qui vous semblait jusqu'ici interminable ? À bien y regarder, les chaînes étranglant votre bien-aimée lâchent prise, petit à petit, à chaque réponse, à chaque mot prononcé qui n'est pas une tentative de vous éloigner du jeu.
Jouez selon les règles. C'est tout ce qu'il vous est demandé. Patience, ce ne sera plus très long...
L'homme condamné se fait aspirer par deux spectres, tout comme précédemment. Deux autres personnes entrent dans l'auditorium ; cette fois-ci, deux femmes, dont une qui vous semble être la personne la plus livide que vous ayez connue jusqu'ici. Des yeux vitreux, une allure spectrale et vaporeuse, comme si son existence ne tenait plus qu'à un fil. Très vite, cette dernière prend la parole.
Vous ne comprenez pas bien. Cette femme se tient pourtant là, devant vous, comment a-t-elle pu mourir ?
À ces mots, cette dernière se fait couper. Voilà que l'autre femme prend la parole.
Les regards pèsent sur vous. Chacun attend le verdict. Tandis que Yelna ferme les yeux et se met à sangloter, appréhendant une nouvelle vague de douleur, le maillet attend patiemment au creux de votre paume.
Aslan se mordait la langue pour ne pas fustiger l’entièreté de ce châtiment sadique au possible de noms d’oiseaux. Un autre cas s’enchaînait et l’énoncé résonnait particulièrement en l’âme du mercenaire meurtri. Le témoignage de la mercenaire, du moins ce qui semblait l’être, pouvait être un descriptif un brin déformé de l’existence âpre et disputée du juge condamné à condamner. Son poil hérissé, la haine de n'incarner qu'une pièce d’une machination infernale et sordide, seule l’idée d’aider sa douce l’empêchait de sombrer, concept que le Fils Grunwald pensait une vaste fumisterie à mesure que le temps avançait. Et si ce songe étriqué et cauchemardesque se retrouvait en réalité être l’enfer promis pour ses exactions ? Peut-être était-ce lui, qu'il jugeait. La silhouette se voulant assassin avait décrit une vie dénuée de morale, se réfugiant derrière les « c’est pas ma faute » au moment d’affronter les conséquences.
Nous demeurons le seul gardien de notre âme, et invoquer un tel pour justifier nos actes ne nous sera d'aucune utilité, lors de notre jugement.
Au diable, l’éternel, songea Aslan. Non, il n’allait pas blâmer un charognard d’en être un. Quand la mélodie était affreuse, on ne blâmait pas les danseurs, mais le chef d’orchestre.
« La mercenaire n’a fait que c'pour quoi elle a été conçu et forgé. C’est à c'monde brutal qu'incombe les r'proches. C'est à c'monde brutal exigeant le pire qu’il faut en vouloir, non aux pirates avisés naviguant sur les mers agitées. Un loup est un loup, lui r'procher d'mordre est stupide. »
Son marteau fendit les airs et percuta avec véhémence le bois. Son jugement demeurait définitif.
« La tuée, coupable d’avoir abandonné son destin aux mains des hommes. L’homme n’est qu’un homme, attendre aut'chose d'lui n’est qu'folie. Nous sommes c'que nous sommes. Le feu brûle, la pluie mouille, les démons sont en nous. »
Haletant, la douleur lui arrachant des grimaces, ses iris bifurquèrent sur sa seule raison de subsister et de jouer la comédie.
« Assez. Ayez un peu de pitié. Libérez mon innocente. J’obéirai… »
- Choix:
- Condamne la victime.
Le dernier dilemme, la dernière affaire. L'air s'aggrave car vous comprenez que vous arrivez aux termes de ce jeu insensé. Les réponses à vos questions sont proches, et la conclusion s'amène sous des formes vaporeuses et abstraites. Êtes-vous déjà en train de penser à ce qui surviendra, une fois votre dernier verdict rendu ?
Deux hommes entrent dans la pièce, l'un vêtu de noir, l'autre de blanc. Le premier a l'air sérieux et ordonné, le second ahuri et instable.
Muet face à la chamaillerie et cette vive alternance entre intelligence profonde et stupidité manifeste, le tribunal baigne dans une profonde confusion, avant de rapatrier son attention sur vous.
Vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Aslan tressaillait, luttant pour ne serait-ce que demeurer éveillé, et ne pas sombrer dans les affres d'un repos qu'il avait naïvement pensé réparateur, dans ce lit peu confortable. Triste ironie, lui qui souhaitait faire trembler les murs de son ronflement se retrouvait tourmenté par ce qui n'avait rien d'un songe. Contrairement à la mascarade portant le sobriquet nom de tribunal, la douleur à son bras ingligé à raison selon le dadique marionnettiste ne s’était en rien apaisée. Les battements de son cœur martelaient ses tempes et la sensation d'une douleur pulsant ravivait régulièrement sa blessure transformée en une cascade d'hémoglobines. Tandis que son palpitant s’agitait dès lors que ses yeux contemplaient celle qui ne prenait recroiser que dans ses rêves, le mercenaire, la mâchoire serrée, se grognait de haine, courroucée comme peu auparavant. Car ce soir, cela n’avait rien d’un rêve ou d’un cauchemar. L’intrusion des deux braillards aux couleurs opposées attira l’attention complète de l'assemblée fantasmagorique, le juge y compris. Le duo aux pensées contradictoires laissait pleuvoir leurs arguments à une vitesse folle si bien que l’échange exigea toute la concentration du blond. La discussion singeait une dispute de couple, les arguments convaincants laissant rapidement place à un échange de « Non ! Si ! » Habituellement réservé à des débats futiles. Il n’en était rien ce soir. L’air grave face à ce qui était annoncé comme l’ultime dilemme de ce cirque morbide, Aslan s’octroya un temps de réflexion plus long. Il chancela, parvenant à conserver l’équilibre grâce à un son avant libre, appuyé sur le pupitre, cloué sur le meuble. Lentement, sa gueule de clébard se tourna vers l’homme de foi.
« Qu'les cieux soient maudits. Capricieux d’exaucer les prières d'certains, d’être sourds aux aut'. L’homme n'peut compter qu'sur l’homme. L’homme n'peut se résoudre à espérer. La race humaine est maîtresse d'son destin, l'temps d'confier son sort à des capricieux est révolu. Nous n'sommes esclaves d’aucun. L’homme en blanc, coupable. Tu iras d'mander à tes dieux pourquoi ils t’ont laissé êt' condamnés, toi, leur fervent défenseur. »
Aslan usa de ses dernières forces pour marteler son verdict à l’aide de son enfonceur de clou. Ses iris brunes se logèrent sur le bonheur de sa courte existence, et à voix basse, imperceptible, il murmura.
« Les miennes d'prières, on été ignorées."
La mine basse, comme alourdi par le fardeau d'une existence honteuse, Aslan se fit violence pour adopter un ton pathétique pour sa demande qui demeurait inchangée depuis que l'identité de l'âme partageant ses maux fut faite.
"Assez. J'me suis pliés à vos d'mandes, je vous en conjure, faites de'même. Libérez-la."
- Choix:
- Choix fait : condamner l'homme en blanc
Le tribunal se noircit, l'obscurité gagne du terrain et bientôt, vous êtes englouti par cette masse noire qui atteint votre corps meurtri. La douleur s'estompe, à votre plus grand soulagement. L'ambiance change du tout au tout, vous avez quitté votre accoutrement de juge de fortune pour une robe grise dont les pans caressent vos chevilles. Votre peau est purifiée, plus une seule trace de ces souillures ensanglantées qui vous faisaient souffrir le martyr quelques secondes plus tôt.
Face à vous se dressent deux rangées de quatre personnes encapuchonnées. Immobiles, silencieuses.
Elles vous attendent patiemment.
La mélodie mélancolique d'une boîte à musique résonne, vous enivre ; vous ne ressentez ni peur, ni peine. Vous êtes dénué de toute émotion négative, seule la paix et l'accalmie vous accueillent. L'horizon est abstrait, inexistant, le vide vous entoure et pourtant... Vous ne vous êtes jamais senti aussi vivant.
Alors que votre regard balaie chaque personne, quelque chose semble se créer à hauteur de vos yeux ; des particules s'agitent, s'ajoutent les unes aux autres comme de la poussière d'étoile. À un quelques dizaines de centimètres à peine, vous constatez l'apparition d'une carte. Une simple carte sur laquelle vous lisez deux mots qui, soudain, prennent tout leur sens dans votre esprit.
Libre arbitre.
Soudain, des échos de murmures caressent vos tympans.
A̷̦̻̺͔̬̻̦͆̀̄S̸̬̝͇̐͆́͒̋͝Ľ̸̪͓̼̌͆A̶̤̲͍̲͉̠͍̎̐N̷̛̥͓̙̐̓̈̕,̴̩͕̀̓̅͗͂ ̵͈̞̞̖̍́̈́̾͌̏L̶̡̮̟̈̀́'̶̨̧̺̯̳̣̒Ą̵͍̭̗̘̹͉͂͘͘F̵̠̤͉͓̩̦̱̀͆F̷̬͎̹͑̽͛͜Ŕ̶̛͈͉̟̥͕̤̆̈̓̒̑ͅA̵̞̓̄N̷̩̯͉̯̅̔͆͌̈́̉͑C̶̤͈̱͔̙͓̬̦̃̇̔̊Ḥ̶̌̔͋̽̈́̾I̴̢͓̾͑͠͝
Ȁ̴̡̟̣̫̄̃͝S̶̥̳̯̓͠L̷̳͊̌̈͘͘A̵͉̕N̴̟̊͛̀́͗͘,̸̡̯̪͇̪̂͒̒̚ ̸̯͗͜L̶̪͚̤̠̗̮̔̃̔̈́̓̉'̷͖̟̊͝A̸̪̜̋F̸̤̝̲͕̲̼̓̚F̶̥̳̔ͅR̷͉̝̭̍̂͝A̷̻̿̅N̷̢̜̠̺̉̓̆͆̕C̸͖̙̪̜͗̐̅̕H̶̹̭̺̼̻̍̈̒Ị̵̛͍̎͊
Ȧ̶̝͋̈S̵͎̗̰̀́L̵͍̗̿̇A̸̮͔̕N̶̰͓͘͝ͅ,̶̛̖̓̄ͅ ̵̘͎͗́L̶̖͍̈́'̶͚̠̐͜Ȁ̸̺F̵̞͘F̸̥̟͍̑Ṟ̶͒A̷̘̜͌N̵͇̩͇͐C̵͉̪̰͝H̵̢͝I̴̫͔͗̂́
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ASLAN, L'AFFRANCHI
Les derniers mots du condamné raisonnèrent un instant, provoquant un écho contre les parois de la salle, ou à l’intérieur de sa caboche, Aslan ne parvenait pas à déterminer la vérité d’une des hypothèses. Soudain, et de manière aussi imprévisible qu’avait incarné cette soirée, une immense marée obscure engloutit le cirque funeste, dévorant chaque parcelle de lumière, engloutissant l’assemblée, les bourreaux, les âmes et le juge contraint et meurtri. La mâchoire serrée à s'en faire un mal de crâne, le gaillard s’était attendu à être submergé d’une douleur sans comparaison et pourtant, s’en fut l’extrême opposé. Cette vague sombre balaya ses douleurs vives, noyant ses plaies et traces d’hémoglobine sèches pour ne laisser rien d’autre qu’une tenue différente de la précédente. Une robe ample recouvrant l’entièreté de la marionnette.
La texture délicate du tissu renforçait le contraste entre cette situation et la précédente, le poids des chaînes entravant ses mouvements s’évaporerait pour offrir un sentiment que le blondinet avait oublié depuis des années. La sérénité et la paix. Ce ne fut que lorsque raisonnèrent les notes délicieusement mélancoliques de la boîte à musique qu’Aslan remarqua les huit entités encapuchonnées, scindées en deux rangées, paraissant l'attendre. Reposant les limites du mystérieux, une carte vint à se matérialiser devant ses yeux. Deux mots, lourds de sens, étaient gravés sur cette même carte. Libre-arbitre. Libre-arbitre. N'était-ce pas ça la liberté ? L’indépendance de la pensée, des actes, dictées uniquement par sa morale, n’obéissant qu’à notion de justice personnelle. Doucement, Aslan tendit le bras en direction de la carte, s’apprêtant à s’en saisir, son index effleurant presque celle-ci, ses pensées s’animant un instant.
L’affranchi, l’affranchi, l’affranchi. Ces mots bataillaient dans son esprit, murmurés pareille à une brise, grattant sa cervelle à en chambouler sa dépouille.
Ni Dieu, ni diable. Ni maître ni roi. J'suis l'seul capitaine de mon âme, j’en suis le gardien. Je n'obéis à nul autre que moi. Aslan prévaut. Libre, ou rien.
Sa pogne, capturant… l’air. Il refusa de s’emparer du présent, pour l’instant. Les doigts se replièrent sur eux même, et son bras devint ballant. Tour à tour, il fixa chacune des huit créatures énigmatiques avant que sa défiance avide de liberté ne s’illustre une fois encore, des syllabes crachées quittant son bec.
«Ma Yelna. Achevons cette mascarade, je'veux connaître l'sort qui lui est réservé. Qui qu'tu sois, engeance dissimulée derrière ce cirque, j’exige une réponse. »
- Choix:
- Le choix fait est : ???. Aslan retarde l'inévitable un temps, tenté d'attraper la carte.
Vous n'obtenez pas de réponse, pas plus que vous n'entendez de voix s'adresser à vous. Pourtant, une évidence, comme tombée du ciel, vous est intimée et vous êtes désormais certain d'une chose : il faut vous réveiller. Votre Yelna. Cette même Yelna, il y a dix ans de cela, celle que vous avez vu souffrir par vos erreurs quelques minutes plus tôt. Cette Yelna qui... vous attend.
Mais pas ici, non.
Pas dans l'au-delà.
Réveillez-vous, Aslan.
Chacune des notes de la mélodie inquiétante résonnait dans la carcasse du mercenaire, faisant vibrer jusqu’à ses os. Sa caboche était secouée, sa vue se troublait, le charognard peinant à ne pas plaquer ses deux pognes sur ses esgourdes malmenées pour tenter d’atténuer la torture lancinante auditive. Pourtant, malgré le vacarme surnaturel, la voix de l’entité parvint se faire entendre, capable de surpasser sans adversité la mélodie lugubre entêtante et annonciatrice de désastre. Chaque syllabe, chaque mot prononcé par la chose furent comme des coups de poignards, marquant la dépouille blonde ambulante.
Un cri, déchirant dont Aslan reconnut instantanément la voix se fit entendre. Son cœur se serra, suprême douleur d’un bourreau sadique. Les yeux avides de réponses, le sang furieux bouillonnant, Aslan jura entre ses dents.
Le choix n’en était plus un.
Tremblotant, au prix d'efforts colossaux tout en promettant vengeance et sang, Aslan… Aslan l’affranchi agrippa la carte s’étant matérialisé devant lui, l’empoignant de toutes ses forces.
« Tant que je respire, j’espère. »
Murmura-t-il tandis que ses doigts se refermaient sur la carte énigmatique. Qu’espérait-il…
- CHOIX:
- Choix fait : prendre la carte
En saisissant cette carte, un linceul lumineux apparaît autour de vous, éclairant chaque parcelle de votre peau. Il voltige, lévite dans un mouvement ample et agile, vous enveloppe et finit par ne faire plus qu'un avec votre être. Chaleur et fraîcheur traversent votre corps, un long frisson parcourt votre échine, une sensation exaltante qui vous surprend alors ; quelque chose que vous n'auriez jamais imaginé pouvoir ressentir, en un moment pareil. Cette lueur vous enivre, et vous confère une puissance aussi étrange qu'incroyablement surprenante ; un pouvoir que vous parvenez à effleurer du bout des doigts, pas tout à fait encore, pas complètement, comme si vous aviez peur de vous brûler. D'être annihilé par un simple contact. Aslan...
Aslan, l'Affranchi.
Vous êtes et resterez, à jamais, le seul maître de vos actions. Votre liberté prévaut, quoiqu'il vous en coûte. Et quoiqu'il en coûte au reste du monde. Car tel est votre vœu, telle est votre nature. Nulle chaîne ne saura vous retenir à présent ; nulle prison n'aura la résistance pour vous enfermer. Plus de limites, plus d'obligations, seulement votre libre-arbitre. Vous êtes désormais maître de votre destin.
Qui êtes-vous réellement, Aslan ?
Lorsque vous entendez ces huit individus murmurer votre nom à l'unisson, vous ne pouvez vous empêcher de penser que sa sonorité... a changé. Ce nom, toujours ce même nom, et pourtant il vous semble déjà si différent. Il vous faudra du temps, pour vous y habituer. À cette nouvelle sonorité... et à cette puissance qui grandit, silencieusement, à l'intérieur de vous.
Vous rejoignez l'Équilibre.
Quelque chose d'autre a changé... Mais où ? Et quoi, exactement ?
Vous la sentez se matérialiser. Se dessiner, trait après trait, se définir lentement. Votre liberté. Au milieu des autres. Au milieu de leurs rêves, de leurs ambitions, de leurs symboles. Au cœur de son rêve.
Et soudain, vous vous réveillez.
Sous votre couverture, dans votre lit, une petite créature blottie contre votre torse.
Une petite créature dont le cœur bat à tout rompre. Elle halète, totalement paniquée par la situation, et pourtant soulagée de vous retrouver. Dix ans que vous n'aviez pas vu son visage, dix ans que vous l'aviez perdue et pourtant, elle n'a pas vieilli d'un pouce. Elle est, et restera désormais...
Votre Yelna. En chair et en os. Revenue d'entre les morts, la jeune femme ne sait plus où donner de la tête. Son âme aura erré une décennie au cœur des ténèbres, emprisonnée dans l'au-delà, et la voilà de retour. Vous avez beaucoup de choses à vous dire... Mais dites-moi, Aslan... Lorsqu'elle aura repris ses esprits, acceptera-t-elle le nouvel homme que vous êtes devenu ? Voilà une seconde chance. Tâchez d'en faire bon usage. Et de la protéger, quoiqu'il arrive.
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(Merci pour votre lecture, le délai et le reste aussi. J'espère ne pas avoir fait trop de bêtise avec mon salopard !)